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Prendre l’opérette au sérieux

Liège
Opéra royal de Wallonie
02/20/2015 -  et 14, 15 (Charleroi), 21, 22* (Liège) février 2015
Ralph Benatzky: L’Auberge du Cheval Blanc
Alexise Yerna (Josépha), François Langlois (Léopold), Nicolas Bauchau (Maître Guy Florès), Natacha Kowalski (Sylvabelle), David Serraz (Célestin Cubisol), Anne-Isabelle Justens (Clara), Marc Pistolesi (Napoléon Bistagne), Emilien Vekemans (Piccolo), Toni D’Antonio (L’Empereur), David Macaluso (Le Professeur Hinzelmann), Pascale Vyvère (Jocelyne), Candy Saulnier (Kathi, la postière)
Chœurs du Palais des Beaux-Arts de Charleroi/Infini Théâtre, Antoni Sykopoulos (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Jean-Pierre Haeck (direction)
Dominique Serron (mise en scène), François Schuiten (scénographie), Renata Gorka (costumes), Franco Dessautez (lumières)


(© Jacques Croisier)


L’Opéra royal de Wallonie reprend une production de L’Auberge du Cheval Blanc (1932) représentée trois ans auparavant dans le chapiteau qui a accueilli les spectateurs pendant les travaux de rénovation. Bravo car quelle autre maison d’opéra en Belgique réserve encore une place à l’opérette dans sa programmation ? Celle de Benatzky (1884-1957) a eu du succès dès sa création, certains airs étant de véritables tubes, mais sans initiative de cette nature, elle risque de devenir une pièce de musée oubliée. L’ouvrage bénéficie d’autant d’égards que les autres opéras à l’affiche dans cette maison, le spectacle, au charme délicieusement désuet, présentant d’incontestables qualités, notamment celle de ne jamais se montrer vulgaire ni trop kitsch, malgré l’apparition d’une fausse vache.


Tout en finesse, la mise en scène de Dominique Serron s’assure qu’il se déroule toujours quelque chose dans le hall de l’établissement. Epuré et poétique, le décor de François Schuiten baigne dans une lumière très étudiée de Franco Dessautez. Les costumes de Renata Gorka apportent des couleurs variées mais pas toujours très heureuses comme celles de cette étrange combinaison de travail, aux teintes pastel. Nulle transposition ni actualisation: l’histoire se déroule bel et bien il y a plusieurs dizaines d’années dans le Tyrol. N’hésitant pas à chanter à l’occasion sous les encouragements du maître d’hôtel, le public s’amuse de ces amours naissantes et de ces personnages amusants et hauts en couleur tels ce Napoléon Bistagne à l’accent marseillais à couper au couteau – la rencontre entre ce dernier et l’Empereur est des plus cocasses. Et comme la musique est plaisante, il suffit donc de quelques minutes pour que la sauce prenne, malgré une intrigue peu originale.


La production réunit des chanteurs et des comédiens motivés sous la direction légère et enlevée de Jean-Pierre Haeck. Le chef retrouve un Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie en formation relativement réduite mais aussi précis et subtil que de coutume. Bien connue du public liégeois et toujours aussi ravissante, Alexise Yerna n’a plus rien à prouver dans ce répertoire depuis longtemps. La voix possède peu de moelleux mais elle convient pour interpréter la patronne Josépha. L’excellent François Langlois incarne Léopold sans chercher à imiter Bourvil, qui s’est illustré dans le rôle du maître d’hôtel. On retient aussi la Sylvabelle pleine de peps et de fraicheur de Natacha Kowalski, son père, l’impayable Napoléon Bistagne de Marc Pistolesi, et l’Empereur à l’embonpoint distingué de Toni D’Antonio, mais le reste de la distribution se produit également avec beaucoup de spontanéité. Autre vertu de ce spectacle et non des moindres : chacun accorde de l’importance à la prononciation française, à telle enseigne que les sous-titres se révèlent superflus. En revanche, la diction s’avère parfois artificielle et grandiloquente mais c’est un peu la loi du genre.


Un mot, pour conclure, sur le programme qui ne se présente pas comme d’habitude : plus grand et imprimé sur un papier de texture différente, il contient le minimum d’informations sur l’œuvre et presque rien sur le compositeur mais les artistes bénéficient d’une photographie et d’une notice biographique, contrairement à l’usage dans cette maison depuis le début de la saison.



Sébastien Foucart

 

 

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