Un Ballo in maschera à l'Opéra-Théâtre Metz Métropole

Xl_un_ballo_in_maschera_-_metz___williams_bonbon_-_metz_m_tropole © Williams Bonbon

Comme dernier titre de la saison messine, le choix de Paul-Emile Fourny s'est porté sur Un Ballo in maschera de Giuseppe Verdi, dont il a également choisi de signer lui-même la production. Le directeur de théâtre/metteur en scène belge transpose l'action dans l'Amérique des sixties, celle des années Kennedy, mort assassiné comme le gouverneur de Boston dans le livret d'Antonio Somma. Très réussie s'avère la scène de divination avec la sorcière Ulrica, transformée ici en maîtresse de cérémonie d'une partie fine, qui prend sa référence visuelle dans le fameux Eyes wide shut de Stanley Kubrik. Ailleurs, les images comme l'ambiance évoquent le film Sin City, ou certains films noirs américains, visant à un constat cynique et théâtralisé de la violence intemporelle de la corruption et du pouvoir. Bref, une mise en scène esthétiquement très élaborée, où décors (Benoît Dugardyn), costumes (Bruno Schwengl), lumières (Patrick Méeus) et direction d'acteurs contribuent à faire du spectacle une vraie réussite.

Nous avouerons avoir cependant effectué le déplacement pour la prise de rôle du très prometteur ténor Jean-François Borras - qui n'a pas déçu. Le jeune français possède en effet tous les atouts requis pour interpréter le personnage de Riccardo: séduction dans le timbre, ardeur dans l'accent, facilité dans l'aigu, sens des nuances (l'admirable messa di voce sur « Per sempre » dans la scène finale), sans oublier une capacité d'émotion qui fait mouche au dernier acte. Il confirme ce soir tous les espoirs que nous plaçons en lui.

Inconnu de nous, la soprano italienne Francesca Tiburzi campe également une Amelia de haut vol, avec une voix large et corsée, à l'aigu puissant et au médium nourri, capable de s'élever au dessus de l'orchestre et des chœurs dans les ensembles, tout en rendant justice aux pianissimi réclamé par Verdi. Une belle découverte !

Le baryton italien Michele Govi remporte également un très vif succès: noblesse du timbre, ampleur du souffle et du phrasé, belle tenue scénique, il possède les qualités d'un vrai baryton Verdi. De son côté, la mezzo bulgare Jordanka Milkova poitrine à l'excès son Ulrica, tandis que ses aigus frôlent le déchirement. Enfin, l'Oscar agile de Clara Meloni et les conspirateurs efficaces de Carlos Esquivel (Samuele) et de Daniel Mauerhofer (Tomaso) complètent avec bonheur le plateau.

Au côté de chœurs remarquables (ceux conjugués de Metz et de Nancy), l'Orchestre National de Lorraine sonne formidablement sous la battue de l'excellent chef italien Roberto Rizzi Brignoli, dont nous avons souvent souligné les talents dans ces colonnes. Son principal mérite est de faire constamment avancer la musique, en veillant à la construction dramatique de chacun des tableaux; la tension ne se relâche à aucun moment, concourant pour beaucoup à la réussite musicale d'ensemble de la soirée.

Emmanuel Andrieu

Un Ballo in maschera de Giuseppe Verdi à l'Opéra-Théâtre Metz Métropole

Crédit photographique © Williams Bonbon

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