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Quand la culture triomphe de l'obscurantisme

Lausanne
Opéra
06/05/2015 -  et 7, 10*, 12, 14 juin 2015
Wolfgang Amadeus Mozart: Die Zauberflöte, K. 620
Catalina Bertucci (Pamina), Shawn Mathey (Tamino), Anna Siminska (Königin der Nacht), Benoît Capt (Papageno), Kenneth Kellogg (Sarastro, Sprecher), Céline Mellon (Papagena), Marion Grange, Inès Berlet, Marina Viotti (Drei Damen), Johan Girardin, Maria Mitterfellner, Maud Niklas (Drei Knaben), André Gass (Monostatos), Stuart Patterson (Erster geharnischter Mann, Zweiter Priester), Jérémie Brocard (Zweiter geharnischter Mann, Erster Priester)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Pascal Mayer (préparation), Maîtrise Horizons du Conservatoire de Lausanne, Stéphanie Burkhard (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Diego Fasolis (direction musicale), Andrea Marchiol (assistant à la direction musicale)
Pet Halmen (mise en scène, décors, costumes et lumières), Eric Vigié (reprise de la mise en scène), Valérie Girault (assistante à la mise en scène), Denis Foucart (réalisation des lumières)


(© M. Vanappelghem)


Présentée pour la première fois à Lausanne en mars 2010, la production de La Flûte enchantée signée Pet Halmen revient cette fois pour clore en beauté la saison 2014-2015. Le célèbre décorateur, costumier et graphiste allemand étant décédé en 2012, c’est le directeur de l’Opéra de Lausanne, Eric Vigié, qui a tenu à lui rendre hommage en remontant lui-même le spectacle. Comme il le rappelle dans le programme de salle, Eric Vigié a été pendant huit ans l’assistant de Pet Halmen, reprenant nombre de ses productions aux quatre coins du monde, avec ou sans lui. L’idée maîtresse de cette Flûte est restée la même : bouleversé par l’incendie qui a ravagé, début septembre 2004, la bibliothèque Anna-Amalia de Weimar et détruit des milliers de livres et de partitions, dont une première édition de l’opéra de Mozart et des croquis de Goethe, Pet Halmen avait décidé d’en faire l’élément central de son spectacle et de transposer l’action dans la grande salle rococo du bâtiment, lieu de savoir et de connaissance auquel souhaite accéder l’étudiant qu’est Tamino. Au lever de rideau, celui-ci essaie de sauver des livres d'un incendie, mais il en est empêché par une bande d'individus masqués. La lumière et la culture triompheront-elles de l'obscurantisme ? Les hommes sauront-ils restituer à l’humanité tous ces trésors perdus ? Les épreuves de l’eau et du feu les rendront-ils assez forts ? Telles sont les questions que pose le spectacle de Pet Halmen, qui a conservé toute sa subtilité et sa force poétique.


La distribution réunie sur le plateau de l’Opéra de Lausanne convainc bien davantage qu’en 2010. On retrouve avec autant de plaisir Benoît Capt en Papageno bonhomme et touchant, transformé pour l’occasion en pingouin. Shawn Mathey campe un Tamino valeureux et courageux, mais ses aigus semblent parfois un peu forcés et son chant peu nuancé, constamment « forte ». Anna Siminska est une vraie Reine de la Nuit, avec des aigus aussi métalliques et tranchants que le poignard qu’elle tient dans la main. Catalina Bertucci interprète une Pamina particulièrement futée et déterminée, émouvante aussi dans les moments de tristesse. Céline Mellon propose une Papagena tout aussi truculente que les trois dames, étudiantes bien sages qui se transforment en vamps pour séduire Tamino. Les trois jeunes « garçons » enchantent par leur timbre clair et diaphane, alors que le Monostatos d’André Gass retourne littéralement sa veste lorsqu’il décide de quitter Sarastro pour la Reine de la Nuit. Seule erreur de casting, le Sarastro/Orateur de Kenneth Kellogg, dont l’allemand est si exotique qu’on se demande comment on a pu lui confier un rôle avec autant de dialogues parlés. Spécialiste du répertoire baroque, le chef Diego Fasolis insuffle énergie et tension pour donner un relief théâtral jamais pris en défaut à la partition du chef-d’œuvre de Mozart, en épurant les lignes et en accentuant les contrastes. La saison de l’Opéra de Lausanne ne pouvait mieux se terminer !



Claudio Poloni

 

 

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