Le retour lumineux du “Songe d'une nuit d'été” de Benjamin Britten, à Aix

L'opéra inspiré de la comédie de Shakespeare aura été un des temps forts du festival d'Aix-en-Provence. La mise en scène de Robert Carsen y avait déjà triomphé en 1991. Elle n'a rien perdu de son enchantement, ni de sa fraîcheur.

Par Gilles Macassar

Publié le 06 juillet 2015 à 17h30

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 05h44

Presqu'un quart de siècle après sa création (en 1991, repris dès l'année suivante), Le Songe d'une nuit d'été de Benjamin Britten, sur la savoureuse comédie de Shakespeare, est de retour à Aix, dans son écrin originel – le plateau du théâtre de l'Archevêché.

Remise à neuf (tissus de scène et costumes) après avoir tourné sur toutes les grandes scènes européennes, la production légendaire de Robert Carsen n'a rien perdu de son enchantement, ni de sa fraîcheur. Assisté d'Emmanuelle Bastet, sa fidèle seconde, le metteur en scène canadien est venu lui-même superviser cette reprise historique. La magie naturelle du décor – un grand lit en pente qui occupe tout l'espace – fait un joli pied de nez au symbolisme laborieux du spectacle de la veille (L'Enlèvement au sérail, de Mozart), alourdi de connotations politiques et de références à l'actualité.

Les suraigus cristallins de Sandrine Piau

Féérie onirique en bleu (le ciel nocturne, la robe et la chevelure de Tatiana, reine des fées), en blanc (les oreillers, les habits des deux couples d'amoureux) et en vert (le costume d'Obéron, roi des Elfes, le drap qui recouvre le grand lit-forêt), ce Songe légendaire possède à la fois l'évidence et le trouble de ces rêves qu'on garde longtemps en mémoire, après le réveil.

De la nouvelle distribution vocale, impeccable, se détache la Tatiana royale de Sandrine Piau, d'une élégance très « couture », aux suraigus cristallins. « Je rugirai comme un rossignol », assure l'un des artisans qui voudrait s'attribuer le rôle du lion, dans ce Pyrame et Thisbée, inénarrable parodie de tragédie lyrique – théâtre dans le théâtre, monopolisant le troisième acte de l'opéra.

Ce mélange de puissance et de délicatesse, de férocité et de tendresse, est l'emblème de la partition de Britten, comme de l'orchestre de l'opéra de Lyon. Sous la direction de son chef titualire, Kazushi Ono, il n'a jamais montré autant de virtuosité et de plénitude sonores. A l'occasion de cette reprise, le spectacle euphorique de Robert Carsen et de ses équipes semble faire une nouvelle cure de jouvence. Rendez-vous dans vingt ans ?

A voir

Au théâtre de l'Archevêché, à Aix-en-Provence, les 7, 10, 12, 16, 18 et 20 juillet à 21h30. www.festival-aix.com

En différé sur France 2, le 14 juillet à 23h40

A écouter

En direct sur France Musique le 7 juillet.

 

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