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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Nouvelle production de la Dame de pique de Tchaïkovski dans une mise en scène d’Alexei Stepnyuk et sous la direction de Valery Gergiev au festival d’été de Baden-Baden 2015.

Baden-Baden 2015 (1) :
Une Dame de pique intense

Dans sa nouvelle production sage mais belle de la Dame de pique de Tchaïkovski, le Mariinski délocalisé à Baden-Baden déploie les fastes de sa troupe avec des voix superbes portées par un orchestre somptueux, le tout conduit par l’inamovible Valery Gergiev dont la direction intense le dispute parfois à l’emphase.
 

Festpielhaus, Baden-Baden
Le 09/07/2015
Pierre-Emmanuel LEPHAY
 



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  • Depuis quelques saisons, le Mariinski de Saint-PĂ©tersbourg s’installe une semaine dĂ©but juillet Ă  Baden-Baden pour un festival oĂą sont donnĂ©s concerts et reprĂ©sentations d’un opĂ©ra. Il s’agit en gĂ©nĂ©ral de la dernière production maison de l’ex-Kirov. On se souvient notamment d’un Boris Godounov en 2012 oĂą l’extraordinaire vision scĂ©nique de Graham Vick avait surpris par son engagement politique.

    Pour cette nouvelle production de la Dame de pique, on ne sera pas aussi bousculé par la mise en scène fort sage d’Alexei Stepanyuk avec ses costumes d’époque (superbes) et une grande fidélité aux didascalies. Pour qui a vu l’imaginative production de Robert Carsen quelques semaines auparavant à l’Opéra du Rhin, le choc est un peu rude.

    Pour autant, on ne tombe pas ici dans la routine, l’intérêt étant soutenu par des images fort belles grâce à de superbes éclairages et un dispositif scénique simple mais efficace avec colonnes et corniches très mobiles selon les tableaux et même à l’intérieur des tableaux où les mouvements se font toujours en relation avec la musique.

    Si l’intermède mozartien du II est habilement traité, seul le tableau dans la chambre de la Comtesse est raté, avec un feu de cheminée encombrant et une énorme statue de la Comtesse en Vénus moscovite tout à fait incongrue. On n’oubliera par contre pas, au deuxième tableau de l’acte précédent, le plateau portant la chambre de Lisa en fond de scène puis glissant doucement vers l’avant-scène au son du magnifique duo des sœurs. Comme par symétrie, le même plateau portera, au dernier tableau, la salle de jeu qui cette fois s’éloignera après la mort d’Hermann, laissant le héros seul, dressé telle une statue fantomatique inquiétante.

    La direction d’acteurs renferme en effet quelques belles idées même s’il faut un certain temps pour s’habituer à des déplacements souvent lents. Le premier tableau en paraît froid et aseptisé mais la sauce prend progressivement grâce à un travail scénique modeste mais suffisamment bien pensé et réalisé pour capter l’attention.

    Il faut dire que nous sommes plutôt à la fête avec les voix réunies. Nulle star mais une troupe homogène de voix jeunes et typiquement slaves. L’Hermann de Mikhaïl Vekua, malgré une puissance limitée sauf dans un aigu claironnant (qui lui permet de chanter son air du dernier tableau sans le transposer, ce qui est rare), emporte l’adhésion par une incarnation sobre mais intense, la folie du personnage étant plus intérieure qu’extravertie.

    La Lisa d’Irina Churilova comble par une voix belle et large tandis que son incarnation frémissante et féminine convient parfaitement au personnage. Yekaterina Sergeyeva en Pauline est quant à elle renversante par la somptuosité du timbre, une ligne de chant à se damner alliée à une excellente prononciation. Autant dire que le duo Lisa-Pauline (chanté qui plus est pianissimo tout du long) puis l’air de Pauline sont des moments d’apesanteur inoubliables. Chez les dames, seule la Comtesse d’Elena Vitman déçoit par une incarnation au bord de la caricature et un chant bien trop appuyé aux graves excessivement ouverts.

    Côté hommes, outre l’Hermann remarquable déjà cité, on est confondu devant l’Eletski d’Alexei Markov, toujours aussi somptueux de timbre et de ligne, chantant son unique air avec beaucoup de finesse et avec un sol aigu superbe. Le Tomski de Roman Burdenko est lui aussi parfait avec une voix d’une solidité remarquable aux deux extrêmes du registre. Belle équipe de seconds rôles, chœurs légèrement en retrait, semblant se perdre un peu sur la vaste scène du Festspielhaus et dans l’acoustique pas toujours flatteuse de la salle.

    À la tête d’un somptueux orchestre du Mariinski (avec de superbes bois, au rôle si important dans cet ouvrage), Valery Gergiev est inégal. Sa direction est parfois lestée de plomb (un prélude lentissime, dont les phrases de cordes s’étirent jusqu’à plus soif), parfois vive et tendue (remarquable scène dans la chambre de la Comtesse par exemple) voire magique (le duo Pauline-Lisa, les fins de tableaux, notamment le dernier qui tient en haleine).




    Festpielhaus, Baden-Baden
    Le 09/07/2015
    Pierre-Emmanuel LEPHAY

    Nouvelle production de la Dame de pique de Tchaïkovski dans une mise en scène d’Alexei Stepnyuk et sous la direction de Valery Gergiev au festival d’été de Baden-Baden 2015.
    Piotr Illitch TchaĂŻkovsky (1840-1893)
    La Dame de pique, opéra en trois actes (1890)
    Livret de Modeste Tchaïkovski d’après la nouvelle de Pouchkine

    Chœurs et Orchestre du Théâtre Mariinski
    direction : Valery Gergiev
    mise en scène : Alexei Stepanyuk
    décors : Alexander Orlov
    costumes : Irina Cherednikova
    Ă©clairages : Alexander Sivaev

    Avec :
    Mikhail Vekua (Herman), Roman Burdenko (Tomsky / Plutus), Alexei Markov (Ieletski), Alexander Trofimov (Tchekalinski), Yuri Vlasov (Sourin), Mikhail Latyshev (Tchapliski), Nikolaï Kamensky (Naroumov), Elena Vitman (la Comtesse), Irina Churilova (Lisa), Yekaterina Sergeyeva (Pauline / Daphnis), Lyudmila Dudinova (Mascha), Andreï Zorin (le Maître de cérémonie), Yekaterina Krapivina (La Gouvernante), Anna Denisova (Chloé).

     


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