Il Barbiere di Siviglia à l'Opéra Royal de Wallonie

Xl_il_barbiere_di_siviglia_ © Opéra Royal de Wallonie / Lorraine Wauters

Déjà présentée ici-même en 2008 et 2011, cette production du Barbier de Séville - imaginée par le maître des lieux Stefano Mazzonis di Pralafera – est résolument placée sous le signe de l'Andalousie. L'essentiel de l'action se situe sur une place de Séville, avec maison cossues et vue sur la célèbre Giralda, le tout en carton-pâte ou sous forme de (jolies) toiles peintes. La mise en scène s'impose par sa préparation infaillible, son comique jamais vulgaire, et quelques idées bien trouvées - comme ces clins d'œil à la comédie musicale, avec des chœurs chorégraphiés sur un mode humoristique.

Après ses récents succès in loco – que nous évoquions dans l'interview que nous avons réalisé de lui – le baryton belge Lionel Lhote s’impose une nouvelle fois comme le triomphateur de la soirée. Il la domine grâce à la sûreté de sa technique, la beauté de son timbre et sa personnalité pleine de faconde et d'éclat . Il s'avère sans conteste comme l'un des grands Figaro du moment.

Deuxième Prix du fameux Concours Reine Elizabeth l'an passé, la jeune et talentueuse soprano belge Jodie Devos semble promise à un bel avenir. Avec un bel aplomb vocal, elle fait fi des difficultés de l'écriture de sa musique, tout en variant les couleurs de sa voix avec un art déjà consommé. Côté jeu, elle impose une présence fraîche, piquante et mutine, comme doit l'être cette petite vipère de Rosina ! Malheureusement, le ténor argentin Gustavo Di Gennaro ne fait, quant à lui, preuve ni de l'aisance scénique, ni des qualités vocales d'un Almaviva. Après une entrée laborieuse - avec un « Ecco ridente » à l'émission serrée -, le chanteur s'améliore certes un peu, mais il n'ose cependant pas affronter les vocalises du fameux rondo final « Cessa di più resistere ».

Le baryton italien Enrico Marabelli, maître de son texte et de son personnage, tient assurément en Bartolo un de ses bons rôles ; le comédien est à la fois sobre et d’une efficace drôlerie, le chanteur adroit, sonore et musicalement en règle, avec une élocution admirablement contrôlée dans les passages les plus rapides (le fameux chant sillabato). Si Basilio (Laurent Kubla) et Fiorello (Victor Cousu) tiennent bien leur place, Berta récupère justement la sienne grâce à Alexise Yerna, irrésistible de drôlerie en vieille femme nymphomane, bien que la voix sonne un rien fatiguée.

Enfin, la direction de Guy van Waas – directeur musical de l'ensemble instrumental Les Agrémens, mais ce soir placé à la tête de l'Orchestre de l'Opéra Royal de Wallonie-Liège - apparaît plus solide que réellement inspirée, manquant un peu de cette folie rossinienne qui doit emporter les crescendi.

Emmanuel Andrieu

Il Barbiere di Siviglia de Rossini à l'Opéra Royal de Wallonie – Le 24 octobre 2015

Crédit photographique © Opéra Royal de Wallonie / Lorraine Wauters

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