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CRITIQUES DE CONCERTS 23 avril 2024

Création de South Pole de Miroslav Srnka dans une mise en scène de Hans Neuenfels et sous la direction de Kirill Petrenko à la Bayerische Staatsoper, München.

Voyage d’hiver
© Wilfried Hösl

Profitant du génial directeur musical Kirill Petrenko, le nouvel opéra du compositeur tchèque Miroslav Srnka tente de faire voyager le public munichois pendant deux heures à travers la conquête du Pôle Sud de 1912. La distribution profite de la présence de Thomas Hampson et Rolando Villazón, quand la mise en scène de Hans Neuenfels passe à côté de la situation.
 

Nationaltheater, MĂĽnchen
Le 06/02/2016
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Souvent relĂ©guĂ© Ă  des versions de chambre pour limiter les coĂ»ts, l’opĂ©ra contemporain bĂ©nĂ©ficie encore dans quelques grandes maisons d’une mise en avant aussi importante que le reste du rĂ©pertoire. Aussi la crĂ©ation South Pole du compositeur praguois Miroslav Srnka profite-t-elle Ă  la Bayerische Staatsoper d’une distribution luxueuse portĂ©e par la prĂ©sence des stars Thomas Hampson, Rolando VillazĂłn et Mojca Erdmann, mais aussi d’une mise en scène de Hans Neuenfels et surtout de la prĂ©sence en fosse de Kirill Petrenko.

    Pour ceux ayant visité le Musée des Confluences de Lyon, l’histoire tragique de la conquête du Pole Sud par deux équipes en compétitions est bien connue et s’achève par une victoire sur le temps et sur la vie de l’équipe Norvégienne dirigée par Roald Amundsen, quand l’équipe anglaise de Robert Falcon Scott arrive plus tard et périt dans le blizzard.

    Le matériau orchestral de Srnka s’attèle à décrire une musique polaire empreinte de latence, marquée par l’utilisation d’instruments cristallins, comme la harpe, le marimba ou le glockenspiel. Sa composition tonale flirte avec l’atonalité d’Erwartung tout en s’approchant comme souvent dans les opéras chantés en anglais des compositions de Britten, notamment le Tour d’écrou pour les meilleurs moments. On reconnaît aussi l’influence des deux Atmosphères de Ligeti pour l’utilisation de la voix comme un instrument, particulièrement au début et à la fin lorsque le chant imite une conversation télégraphique.

    La mise en scène du vétéran Hans Neuenfels ne fascine pas et cherche essentiellement à concentrer l’action sur les sensations des personnages, quand elle passe à côté du climat désertique de l’Antarctique malgré les lumières blanches et blafardes de Stefan Bolliger. Le double livret de Tom Holloway n’aide pas particulièrement, notamment parce qu’il force à diviser la scène en deux pour voir presque toujours ensemble les deux équipes.

    Il passe surtout Ă  cĂ´tĂ© de l’univers clĂ´t du voyage au milieu d’un monde hostile, en partie parce que le dĂ©cor de Katrin Connan ne dĂ©crit ni l’immensitĂ© du vide, ni la claustration de la situation humaine, en partie parce qu’il semble que l’équipe musicale a eu peur de crĂ©er un opĂ©ra sans femme, lĂ  oĂą le confinement purement masculin fonctionne Ă  merveille dans le Billy Budd de Britten ou De la maison des morts de Janáček.

    Perturbatrices par leur présence scénique en forme de rêve des hommes, les femmes sont honorables dans leur prestations, surtout la mezzo Tara Erraught, compagne de Scott, alors que l’on profite surtout de la beauté plastique et des suraigus de la blanche et pure Mojca Erdmann. La Team Scott montre l’adaptabilité anglaise à découvrir le monde par la présence dans leurs bagages de cinq poneys, abattus dans une des scènes efficaces de l’opéra, en regard de la Team Amundsen qui se débarrasse au même instant de ses chiens.

    Les seconds rôles convainquent tous, même si Joshua Owen Mills (Henry Birdie Bowers) est un peu trop prononcé dans sa mort, et le Lawrence Oates de Dean Powers parfois en difficulté dans l’aigu. Rolando Villazón convainc plus ce soir qu’à la première enregistrée pour Arte, en étant plus à l’aise avec sa partition et moins caricatural dans son personnage ; il réussit à mourir en propageant une belle émotion.

    Globalement mieux préparée au voyage dans les costumes en fausses peaux de phoque d’Andrea Schmidt-Futterer, la Team Amundsen est globalement meilleure aussi dans les voix, portée par le Johansen de Tim Kuypers et surtout par l’excellent Thomas Hampson, intelligent dans son chant grave et émotionnel.

    Avec la présence en fosse de Kirill Petrenko, le compositeur ne retrouvera peut-être jamais une interprétation d’un tel niveau orchestral, où l’ensemble impeccable suit le geste précis et lyrique du chef et fait ressortir toutes les couleurs possibles d’une musique trop souvent basée sur un jeu de gammes alternativement montantes et descendantes. Petrenko cherche malgré tout à approfondir toutes les portées et toutes les cellules musicales de la partition en captivant par l’éclat et la lumière de sa direction, et emmène avec lui la salle remplie de la Bayerische Staatsoper.




    Nationaltheater, MĂĽnchen
    Le 06/02/2016
    Vincent GUILLEMIN

    Création de South Pole de Miroslav Srnka dans une mise en scène de Hans Neuenfels et sous la direction de Kirill Petrenko à la Bayerische Staatsoper, München.
    Miroslav Srnka (*1975)
    South Pole, double opera en deux parties
    Livret de Tom Holloway
    Bayerisches Staatsorchester
    direction : Kirill Petrenko
    mise en scène : Hans Neuenfels
    décors : Katrin Connan, Hans Neuenfels
    costumes : Andrea Schmidt-Futterer
    Ă©clairages : Stefan Bolliger

    Avec :
    Team Scott : Rolando Villazón (Robert Falcon Scott), Tara Erraught (Kathleen Scott), Dean Power (Lawrence Oates), Kevin Conners (Edward « Uncle Bill » Wilson), Matthew Grills (Edgar Evans), Joshua Owen Mills
    Team Amundsen : Thomas Hampson (Roald Amundsen), Mojca Erdmann (Landlady), Tim Kuypers (Hjalmar Johansen), John Carpenter (Oscar Wisting), Christian Rieger (Helmer Hanssen), Sean Michael Plumb (Olav Bjaaland)

     


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