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Le triomphe d’Ariodante

Lausanne
Opéra
04/15/2016 -  et 17, 20, 22, 24* avril 2016
Georg Friederich Haendel : Ariodante, HWV 33
Yuriy Mynenko (Ariodante), Marina Rebeka*/Sarah Tynan (Ginevra), Clara Meloni (Dalinda), Johannes Weisser (Il re di Scozia), Juan Sancho (Lurcanio), Christophe Dumaux (Polinesso), Jérémie Schütz (Odoardo)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Pascal Mayer (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Diego Fasolis (direction musicale)
Stefano Poda (mise en scène, décors, costumes, lumières et chorégraphie), Paolo Gianni Cei (assistant)


(© Marc Vanappelghem)



Un triomphe. La nouvelle production d’Ariodante qui vient d’être présentée à l’Opéra de Lausanne a été accueillie – à juste titre d’ailleurs – par de longues ovations et de vibrants applaudissements. Une direction musicale inspirée, un plateau vocal de très haute tenue et une mise en scène inventive et harmonieuse ont rendu pleinement justice au chef-d’œuvre lyrique de Haendel. Le principal atout du spectacle a été la présence dans la fosse de Diego Fasolis. Le chef a su galvaniser l’Orchestre de Chambre de Lausanne – qu’on a rarement entendu tour à tour aussi soyeux et incisif – pour livrer une lecture particulièrement mordante, dynamique et riche en contrastes, sans que la continuité dramatique ne faiblisse à aucun moment pendant les 3 heures de la représentation. Au rideau final, le chef est venu saluer avec la partition dans la main, comme il a l’habitude de le faire désormais, pour signifier aux spectateurs que les applaudissements devaient aussi revenir au compositeur.


La distribution réunie à Lausanne a été digne des plus grandes scènes internationales. Si l’usage en vigueur dans les théâtres lyriques est de confier le rôle-titre à une mezzo-soprano, c’est un contre-ténor qui a été choisi ici. Assumant avec aplomb et brio les deux octaves de son rôle, Yuriy Mynenko s’est particulièrement illustré dans le lamento « Scherza, infida », qui s’est révélé le moment le plus poignant de tout l’opéra. En Polinesso, Christophe Dumaux (le second contre-ténor de la distribution) a campé un « méchant » expressif et incisif, avec une belle technique vocale. Voix ample et majestueuse, homogène sur toute la tessiture et bien projetée, Marina Rebeka a fait forte impression en Ginevra, conférant à son personnage noblesse et émotion. On retiendra également le Lurcanio stylé du ténor Juan Sancho et la Dalinda à la belle voix claire de Clara Meloni.


Metteur en scène du spectacle, Stefano Poda en a aussi conçu les décors, les costumes et les lumières. Il a implanté l’action dans les pièces d’un palais sombre, avec des oreilles et des yeux dessinés sur les murs (les murs ont des oreilles…), un univers clos et étouffant, avec des mains géantes venant opprimer les personnages. La direction d’acteurs a été particulièrement soignée, avec des protagonistes constamment sollicités. Les costumes somptueux et les éclairages suggestifs ont contribué à composer des scènes à l’esthétique raffinée. Si le livret prévoit une fin heureuse avec le mariage des deux personnages principaux, Stefano Poda a habilement instillé le doute : Ginevra jette un regard sombre sur Ariodante et s’en va, comme si elle ne lui pardonnait pas d’avoir douté de son innocence. Cette nouvelle production d’Ariodante restera assurément dans les annales de l’Opéra de Lausanne.



Claudio Poloni

 

 

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