Le «Faust» de Gounod tourne en messe noire
A l'Opéra de Lausanne, Stefano Poda poursuit son rituel puissant et magnétique dans un spectacle total.
Rien, dans le Faust de Gounod à l'Opéra de Lausanne vu par Stefano Poda, ne permet de se laisser aller au simple plaisir d'une courbe musicale ou d'un agrément pittoresque. Car chez le metteur en scène italien, tout est symbole. Et tout concourt à une vision métaphysique de l'œuvre – manière de dégager l'opéra de ses poussières académiques et de le rapprocher de l'original de Goethe. En enlevant des lourdeurs, Poda en ajoute d'autres, qu'on lui pardonne volontiers pour le «malin» plaisir qu'il nous procure. Après un saisissant Ariodante de Haendel en avril, il approfondit encore son univers dans un geste typiquement faustien, puisqu'il maîtrise tout, de la scénographie monumentale aux costumes délirants, des éclairages rasants aux chorégraphies sataniques.