Patrizia Ciofi, la plus touchante des Mimi à l'Opéra Royal de Wallonie

Xl_la_boheme © Lorraine Wauters

Provenant de l'Israeli Opera de Tel Aviv, où le spectacle a d'abord été étrenné il y a deux ans, cette production de La Bohème de Giacomo Puccini - proposée ces jours-ci à l'Opéra Royal de Wallonie - est signée par le maître des lieux, Stefano Mazzonis di Pralafera, mais c'est bien évidemment pour la Mimi de la merveilleuse cantatrice italienne Patrizia Ciofi que nous avons fait le déplacement.

Comme l'on s'y attendait - après avoir interprété cette partie en version de concert à la Salle Pleyel en 2014 –, Ciofi dessine un personnage immédiatement attachant et d'une crédibilité totale. La voix a encore gagné en puissance et en rayonnement, sa sensibilité naturelle et son timbre lunaire faisant ici merveille, notamment dans la très belle aria « Donde lieta usci », et plus encore dans la bouleversante scène finale. La Mimi de Ciofi est plus qu'une promesse : c'est un véritable accomplissement.

Le jeune ténor italien Gianluca Terranova est une belle surprise, avec son timbre chaud, un registre étendu et une voix parfaitement placée, auxquels s'ajoute une belle rectitude musicale. Cinzia Forte s'avère une piquante Musetta, mais jamais stridente ni pointue, avec un legato parfait. Le baryton roumain Ionut Pascu campe un bon Marcello, avec une émission ferme et une vraie conviction dans l'accent. Même impression positive pour le Colline de la basse italienne Alessandro Spina, tour à tour brillant ou pathétique, et, dans une moindre mesure le Schaunard de Laurent Kubla, ce soir un peu frustre vocalement parlant.

Sur le plan visuel, le spectacle de Mazzonis di Pralafera est plutôt agréable à l'œil, autant pour le réalisme bien venu et le sens du détail dont témoigne la mise en scène, que pour l'efficacité des mouvements de foule au deuxième acte, même si, pour plus de facilité et de fluidité, le metteur en scène italien fait chanter les enfants derrière la scène. On peut regretter également les quelques anachronismes créés par la transposition dans le Paris de l'après-guerre, et surtout son « tic » de surcharger souvent inutilement l'action par des saynètes qui parasitent et détournent l'attention. La direction d'acteur pèche aussi parfois, comme par exemple dans la scène finale, qui voit Rodolfo hurler sa douleur face au public, à six mètres de Mimi, sans la prendre dans ses bras, ni même lui jeter le moindre regard...

La fosse offre plus de satisfaction, l'excellent directeur musical de la maison, le chef italien Paolo Arrivabeni, emportant toujours l'adhésion, avec une direction caractérisée par un lyrisme intense, une précision irréprochable, et des phrases admirablement déroulées, qui font tout le prix de cette soirée musicale, couronnée par de très nombreux rappels.

Emmanuel Andrieu

La Bohème de Giacomo Puccini à l'Opéra Royal de Wallonie – Du 17 au 26 juin 2016

Crédit photographique © Lorraine Wauters

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