Votre navigateur est obsolète. Veuillez le mettre à jour avec la dernière version ou passer à un autre navigateur comme ChromeSafariFirefox ou Edge pour éviter les failles de sécurité et garantir les meilleures performances possibles.

Passer au contenu principal

On succombe toujours aux émois de «La bohème»

Mimi (Emily Dorn) se meurt au chevet de Rodolfo (Giorgio Berrugi) sous le regard de ses amis.

Il y a parfois à l'opéra des détails imprévus qui, mystérieusement, subliment une scène, libérant toute l'émotion jusqu'ici diffuse. Ainsi, dimanche à l'Opéra de Lausanne, la mise en scène de La bohème de Puccini par Claude Stratz déroulait ses habituelles séductions. Il y a évidemment un plaisir à retrouver pour la troisième fois ce spectacle intelligent, fidèle à l'esprit du livret, allégé par l'esthétique minimaliste des décors d'Ezio Toffolutti. Même rehaussé par une distribution plus qu'honorable, le spectacle donnait l'impression, dans ses deux premiers tableaux, de rouler sur des rails.

Certes, on repère immédiatement un quatuor de «bohémiens» très en verve. Vittorio Prato (Marcello), Luigi de Donato (Colline), Benoît Capt (Schaunard) et Giorgio Berrugi (Rodolfo) font des «crève-misère» plutôt bien sapés, mais deviennent de vrais larrons en foire dans un Quartier latin envahi par la foule bariolée du Chœur et de la Maîtrise du Conservatoire. Giorgio Berrugi incarne un Rodolfo idéal, au timbre généreux, subtil et chaleureux. A ses côtés, Mimi (Emily Dorn) semble empruntée par tant d'éloquence et de facilité. Heureusement, elle aborde avec bien plus d'aplomb, de justesse et d'émotion sa déchirure au 3e tableau et sa discrète agonie au 4e.

Mais, juste avant que Mimi ne remonte dans la mansarde, le poète et son ami peintre songent à leurs amours perdues. Au moment où Rodolfo murmure sa plainte – «O Mimì, tu più non torni» – un dernier flocon de neige égaré de l'acte précédant tombe à travers le toit.

En le voyant tourbillonner, on comprend soudain qu'il annonce, comme un leitmotiv déchirant, à la fois le retour et la mort de Mimi. Fin en apesanteur grâce au doigté de Frank Beermann soulevant l'OCL.