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L’orchestre au défi de Poulenc et de l’émotion

Saint-Etienne
Opéra
03/08/2017 -  et 10, 12 mars 2017
Francis Poulenc : Dialogues des carmélites
Elodie Hache (Blanche de la Force), Svetlana Lifar (Madame de Croissy), Vanessa Le Charlès (Madame Lidoine), Marie Kalinine (Mère Marie de l’Incarnation), Marc Barrard (Marquis de La Force), Avi Klemberg (Chevalier de La Force), Capucine Daumas (Sœur Constance de Saint-Denis), Eric Huchet (L’aumônier du carmel), Cyril Rovery (Le geôlier, Second commissaire), Jeanne-Marie Lévy (Mère Jeanne de l’Enfant Jésus), Frédéric Cornille (Thierry, Monsieur Javelinot, Un officier), Philippe Noncle (Premier commissaire), Anne Crabbe (Sœur Mathilde), Ghézlane Hanzazi (Mère Gérald), Roselyne Giraud (Sœur Catherine), Claire Babel (Sœur Félicité), Emilie Broyer (Sœur Gertrude), Catherine Bernardini (Sœur Alice), Véronique Richard (Sœur Valentine), Amélie Grillon (Sœur Anne de la Croix), Cathérine Séon (Sœur Marthe), Pauline Prot (Sœur Antoine), Sophie Poulain (Sœur Saint-Charles), Françoise Delplanque (Sœur Claire), Myriam Lacroix Amy, Geneviève Kostakis, Patricia Palamara, Brigitte Chosson, Catherine Hureau, Marie-Hélène Beignet, Geneviève Laloy, Anne Bescobo, Pascale Chareyre, Anne Soulié, François Bescobo, Olivier Clairet, Frédéric Sabard, Eric Chorier, Frédéric Garcia-Fogel, Frédérik Prévault, Zoltan Csekö, Pascal Guillot, David Robbe (Le tribunal révolutionnaire, Le peuple), Philippe Dziri, Patrick Gaillard (Soldats), Maud Lefebvre, Caroline Michel (Carmélites), Béatrice Carreras, Philippe Dziri, Patrick Gaillard, Maud Lefebvre, Caroline Michel, Cédric Monnet, Marc Piron, Elsa Rigmor-Thiemann, Charlotte Robin, Christophe Rossetti (Le tribunal révolutionnaire)
Chœur lyrique Saint-Etienne Loire, Laurent Touche (chef de chœur), Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire, David Reiland (direction musicale)
Jean-Louis Pichon (mise en scène), Alexandre Heyraud (décors), Frédéric Pineau (costumes), Michel Theuil (lumières), Georges Flores (création vidéo)


(© Cyrille Cauvet/Opéra de Saint-Etienne)


Mettant un terme à la procrastination des tutelles, la nomination officielle d’Eric Blanc de la Naulte résonne comme une légitime reconnaissance du travail accompli depuis les turpitudes qui agitaient l’Opéra de Saint-Etienne à la suite des dernières échéances électorales municipales. Et on ne saurait trouver plus emblématique exemple de cette gestion patiente que les Dialogues des carmélites réglés par Jean-Louis Pichon et dirigés par le premier chef invité, David Reiland, dont plus d’un Mozart (voir ici et ici) a permis d’identifier la baguette intelligente.


Conçue en partenariat avec le Teatro de la Maestranza de Séville la décennie passée, la présente production ne se perd pas dans les inutiles hasards de la transposition, ce que confirme l’absence d’anachronisme des costumes de Frédéric Pineau. Des projections vidéographiques réalisées par Georges Flores ponctuent le spectacle au fond du décor sobre dû à Alexandre Heyraud: c’est un jardin avec une croix, tel un souvenir mortuaire qui se teinte des couleurs du jour et du soir au gré de l’évolution de l’intrigue et dont la clef herméneutique sera donnée au rideau final, révélant, inscrit dans la pierre, le nom des carmélites de Compiègne assassinées par la Terreur. Le procédé, rehaussé par les lumières de Michel Theuil, sert aussi pour le supplice, faisant flotter des guillotines qui s’abaissent une à une, tachant de sang les ondulations de pleine mer, jusqu’aux deux échafauds de Constance et Blanche, en perspective signifiant le lien entre les destinées des deux religieuses. Si les séquences de genre pourraient gagner en fluidité, l’économie et la retenue du carmel accentuent efficacement l’intensité intérieure du drame, qui affleure ici de manière saisissante.


Comme souvent dans la maison stéphanoise, le plateau fait honneur au répertoire français. Elodie Hache condense la fièvre de Blanche de la Force, au mysticisme tourmenté qui contraste avec celui de la Constance de Capucine Daumas, diaphane d’une innocence pleine de profonde vérité, se gardant presque toujours de la minauderie. Svetlana Lifar assume, sans forcer sur les trémulations de l’âge et de la douleur, le trépas de Madame de Croissy. Aux côtés de la rondeur de la Lidoine confiée à Vanessa Le Charlès, Marie Kalinine ne néglige point la plénitude un peu raide de Mère Marie. Marc Barrard affiche la vocalité paternelle du Marquis de la Force, tandis que le Chevalier revient à un Avi Klemberg sans apprêt. Mentionnons encore Eric Huchet en Aumônier du carmel de bonne tenue, Philippe Noncle et Cyril Rovery, les deux commissaires, le second apparaissant également en geôlier, ainsi que Frédéric, empruntant, sans faiblesse, les défroques successives de Thierry, Javelinot et un officier.


Parmi les chœurs de la maison, qui, sous la houlette attentive de Laurent Touche, composent la foule des religieuses, du peuple et du tribunal révolutionnaire, peuvent se détacher les interventions de Jeanne-Marie Lévy et Anne Crabbe, respectivement Mère Jeanne et Sœur Mathilde. A la tête d’un Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire sollicité particulièrement par une première partie conséquente en durée, David Reiland s’attache avec subtilité à aérer l’expressivité de la bouleversante partition de Poulenc.



Gilles Charlassier

 

 

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