About us / Contact

The Classical Music Network

Metz

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Menotti ou la virtuosité du vaudeville

Metz
Opéra-Théâtre
03/05/2017 -  et 7, 9* mars 2017
Gian Carlo Menotti : The Telephone – Amelia Goes to the Ball
Norma Nahoun (Lucy, Amelia), Guillaume Andrieux (Ben, Le mari), Massimo Riggi (George), Thomas Bettinger (L’amant), Julie Robard-Gendre (L’amie), Thomas Roedinger (Le commissaire de police), Sylvie Bichebois (Première femme de chambre), Cécile Dumas-Thiollet (Seconde femme de chambre), Maxime Jobert, Yvon Lesieur, François Leviste, Justin Pleutin (figuration)
Chœur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, Nathalie Marmeuse (chef de chœur), Orchestre national de Lorraine, Cyril Diederich (direction musicale)
Sylvie Laligne (mise en scène et mouvements chorégraphiques), Jeanne Artous, Cassandra Bizzini, Benjamin Brangé, Joana Henni, de l’Ecole supérieure d’art de Lorraine, sous la coordination de Tommy Laszlo (décors), Cassandra Bizzini (vidéo), Giovanna Fiorentini (costumes), Patrick Méeüs (lumières)


Sans doute victime de l’ombre désapprobatrice d’une certaine avant-garde, la musique divertissante de Menotti subit un purgatoire, du moins en France, sinon en Europe, dont elle ne sort que rarement et l’on le peut que saluer l’initiative de l’Opéra de Metz de mettre deux de ses titres à l’affiche de sa saison.


Si Le Téléphone, huis clos conjugal avec le combiné de télécommunications pour témoin souvent associé pour des raisons aussi programmatiques que pragmatiques à La Voix humaine de Poulenc, accouché au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, n’entretient pas de lien explicite avec Amelia va au bal, vaudeville composé dix ans plus tôt en 1937, Sylvie Laligne a imaginé un fil conducteur entre les deux ouvrages – à rebours de la chronologie d’écriture. Le champion sportif montant Ben et Lucy, que l’on découvre au lendemain d’une nuit d’amour à l’aube d’une relation amoureuse, se sont mariés, et on les retrouve, dix ans plus tard, en 2017, réconciliés après gloire, changement de nom – Lucy troquant son prénom pour celui de sa mère défunte – et séparation, péripéties résumés dans le panorama abreuvé de pastiches de presse people. L’artifice narratif entend d’abord illustrer une certaine condition, sinon vacuité, contemporaine où le fil téléphonique est naturellement devenu un modem, avec messageries en projections vidéographiques dans une scénographie moderniste et colorée réalisée par quatre élèves de l’Ecole supérieure d’art de Lorraine (Jeanne Artous, Cassandra Bizzini, Benjamin Brangé, Joana Henni), supervisés par Tommy Laszlo – habile partenariat entre formation et réalité professionnelle du spectacle vivant. Les costumes de Giovanna Fiorentini se révèlent à l’avenant, l’ensemble étant rehaussé par les lumières de Patrick Méeüs.


Norma Nahoun résume la jeunesse et la fraîcheur un peu futiles de Lucy, lesquelles mûrissent en hystérie mondaine chez Amelia, dans une tonalité au diapason du comique de la pièce. Guillaume Andrieux confirme la plénitude d’un matériau vocal régulièrement apprécié sur les scènes françaises, et se glisse dans l’ambition un rien hâbleuse de Ben, qui, au faîte de la reconnaissance sociale, se teinte d’une lassitude blasée parfaitement en situation. Le sens du théâtre n’échappe pas non plus au mari, dévolu à Thomas Bettinger, ni à l’amie superficielle fixée avec à-propos par le gosier de Julie Robard-Gendre. Si le George de Massimo Riggi dans Le Téléphone ne peut qu’être furtif, Thomas Roeding ne néglige pas l’aplomb du commissaire. Mentionnons encore les deux femmes de chambre, Sylvie Bichebois et Cécile Dumas-Thiollet, ainsi que les chœurs préparés par Nathalie Marmeuse. A la tête de l’Orchestre national de Lorraine, Cyril Diederich distille toutes les vitamines d’une partition gourmande et surannée.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com