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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Nouvelle production de la Femme sans ombre de Strauss dans une mise en scène d’Andreas Kriegenburg et sous la direction d’Axel Kober à la Staatsoper de Hambourg.

Sans ombre ni couleur
© Brinkhoff/Mögenburg

La Femme sans ombre retrouve la scène hambourgeoise dans une nouvelle production sans idées neuves d’Andreas Kriegenburg, dirigée avec un travail particulier sur les cordes par le chef Axel Kober, dont le soutien en fosse ne suffit pas à mettre en valeur une distribution seulement valable pour le couple de teinturiers.
 

Staatsoper, Hamburg
Le 29/04/2017
Vincent GUILLEMIN
 



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  • L’un des ouvrages lyriques les plus prisĂ©s de Richard Strauss revient Ă  l’OpĂ©ra de Hambourg avec une nouvelle mise en scène et des chanteurs majoritairement habituĂ©s Ă  leurs rĂ´les, l’ensemble d’abord prĂ©vu sous la direction de Kent Nagano trouvant Ă  sa place Axel Kober. Si tout cela semblait en thĂ©orie très prometteur, dans la pratique quelque chose n’a pas fonctionnĂ© et le spectacle, loin d’être mĂ©morable scĂ©niquement, souffre de surcroĂ®t d’une distribution problĂ©matique.

    Sans transposer mais surtout sans angle d’attaque, sans idée sociale ou psychanalytique, ni même la volonté de narrer un conte, Andreas Kriegenburg suit tout simplement le livret de Hofmannsthal en l’intégrant dans une scénographie surprenante par la vétusté du décor, plancher blanc et poteaux métallique blancs ou noirs incrustés au sol, autour d’un escalier circulaire ressortant comme une vigie de plus de quinze mètres continuant au-dessous sur toute la hauteur de cadre lorsque le plateau s’élève pour laisser apparaître un second monde, une caverne aux meubles anciens attribuée au couple de teinturiers.

    Les costumes, très classiques, associent le blanc au monde du dessus, là où l’Empereur est lui aussi de cette couleur pure – à un carquois et un arc rouges près – tandis que Barak et sa femme portent des habits sombres. Cette absence de modernité, ajoutée à une dramaturgie banale, donnerait presque l’impression de retrouver une production vieille de trente ans, à l’instar du Tristan par Ruth Berghaus encore donné par la maison de l’Elbe. Et à l’exception d’un très beau travail de lumières, cette proposition ne charme ni l’œil ni l’esprit.

    Avec une musique parfaite, cela pourrait suffire, mais là encore le compte n’y est pas. L’Impératrice d’Emily Magee n’a plus d’éclat, perd toute justesse dans l’aigu et atteint difficilement le haut du spectre, surtout au I et dans le duo final, où sa seule qualité est de trouver pire et plus faux encore avec l’Empereur de Roberto Saccà. Lui aussi a chanté tous les héros straussiens les plus difficiles, mais si l’on dit souvent que le compositeur en voulait à ses ténors, on peut affirmer ce soir que le ténor en veut à Strauss.

    Tout aussi mal adaptée, l’ancienne Elektra et Brünnhilde Linda Watson chante la Nourrice sans avoir jamais eu les graves nécessaires, tout en n’en ayant plus les aigus, sauf le sib final du II, vaillamment tenu. Il lui reste donc un médium pour attaquer des phrases sans nuance ni couleur, là où Gabriele Rossmanith dans la Voix du Faucon tient au moins les notes hautes, à défaut de rendre toute la beauté contenue dans cette partie. Le Messager des esprits de Bogdan Baciu porte un timbre grave admirable qui contrecarre celui, nasal, d’Axel Kim pour l’Apparition, tandis que des trois frères on préfèrera les deux basses au ténor.

    Il ne reste alors qu’à profiter du Barak à la diction très théâtrale d’Andrzej Dobber, campant un teinturier bien projeté, particulièrement intelligent sur le texte pour répondre à sa Femme, tenue par Lise Lindstrom. On s’inquiètera toutefois devant la lourdeur des rôles déjà pris par la soprano, là où la voix, dans le registre haut (air du III) montre une belle clarté et une souplesse s’accordant pour le moment certainement plus à Salomé qu’à Elektra. Espérons qu’elle ménage sa carrière et attende de gagner en puissance et en assise dans le bas-médium si elle souhaite tenir encore longtemps la Färberin sur les plus grandes scènes.

    Directeur à l’Oper am Rhein où il y a dirigé l’œuvre il y a quelques saisons, Axel Kober intervient face à un orchestre qu’il n’a pu préparer lui-même, créant de nombreux décalages au I, notamment aux bois, en plus d’en subir à l’intérieur du chœur sans pouvoir rien y faire. La fosse s’ouvre cependant au fur et à mesure et les cordes, lyriques et chaudes depuis le lever de rideau, en plus de posséder cette capacité à devenir franches et très compactes dans les attaques, procurent au dernier acte de magnifiques instants en plus des superbes soli des membres du quatuor. Il en aurait pourtant fallu plus pour faire de cette représentation une grande soirée.




    Staatsoper, Hamburg
    Le 29/04/2017
    Vincent GUILLEMIN

    Nouvelle production de la Femme sans ombre de Strauss dans une mise en scène d’Andreas Kriegenburg et sous la direction d’Axel Kober à la Staatsoper de Hambourg.
    Richard Strauss (1864-1949)
    Die Frau ohne Schatten, opéra en trois actes (1916)
    Livret de Hugo von Hofmannsthal

    Chor der Hamburgischen Staatsoper
    Philharmonisches Staatsorchester
    direction : Axel Kober
    mise en scène : Andreas Kriegenburg
    décors : Harald B. Thor
    costumes : Andrea Schraad
    éclairages lumières : Stefan Bolliger

    Avec :
    Roberto Saccà (Der Kaiser), Emily Magee (Die Kaiserin), Linda Watson (Die Amme), Bogdan Baciu (Der Geisterbote), Gabriele Rossmanith (Ein Hüter der Schwelle des Tempels), Alex Kim (Erscheinung des Jünglings), Gabriele Rossmanith (Die Stimme des Falken), Marta Swiderska (Eine Stimme von oben), Andrzej Dobber (Barak), Lise Lindstrom (Sein Weib), Alexey Bogdanchikov (Der Einäugige), Bruno Vargas (Der Einarmige), Markus Nykänen (Der Bucklige), Alin Anca (Stimme der Wächter der Stadt I), Julian Arsenault (Stimme der Wächter der Stadt II), Alexander Roslavets (Stimme der Wächter der Stadt III), Luminita Andrei (Dienerin II), Marta Swiderska (Dienerin III), Diana Tomsche (Dienerin I), Jin-Hee Lee (Kinderstimme I), Elzbieta Kosc (Kinderstimme II), Kathrin von der Chevallerie (Kinderstimme III), Kristina Susic (Kinderstimme IV), Jung-Min Kim (Kinderstimme V), Ludmila Georgieva (Stimme der Ungeborenen I), Ilka Zwarg (Stimme der Ungeborenen II), Malgorzata Bak (Stimme der Ungeborenen III), Susanne Bohl (Stimme der Ungeborenen IV), Ute Kloosterziel (Stimme der Ungeborenen V), Veselina Teneva (Stimme der Ungeborenen VI).

     


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