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Lakmé à l’Opéra de Marseille – Belle invitation au voyage – Compte-rendu

Cette production de Lakmé, qui a fait ses preuves sur plusieurs scènes françaises, est légitimement reprise à Marseille – point de confluence entre Occident et Orient. Entre fantasme et réalité, la mise en scène de Lilo Baur attache du prix aux relations psychologiques entre les protagonistes d’une histoire d’amour vouée à l’échec entre un occupant anglais et la fille du brahmane. Les costumes colorés de Hanna Sjödin apportent une note exotique dans cette Inde de légende sans nuire à la dimension métaphysique et intemporelle d’un conflit de civilisations. A la scénographie efficace de Caroline Ginet répondent des lumières très contrastées de Gilles Gentner.

© Christian Dresse
 
Incontournable désormais dans le rôle-titre, Sabine Devieilhe réalise un nouveau tour de force, habitant avec un naturel confondant et une émotion contenue un personnage de passion écartelé entre des sentiments contraires. Sa voix somptueuse, véloce et aux envolées de colorature totalement maîtrisées (air des clochettes), à la fois sensuelle et subtile, emporte l’adhésion. Par la solidité de son interprétation – malgré une tendance à forcer les aigus –  Julien Dran ne dépare jamais en Gérald et, personnage confronté à une situation qui lui échappe, transmet ses états d’âme de manière suggestive. En père noble et digne, Nicolas Cavallier confère autorité et prestance à Nilakantha dont il offre une vision de grande classe, servi par un timbre profond et toujours égal. Majdouline Zerari est une servante Mallika à la ligne de chant totalement accordée à celle de sa maîtresse Lakmé.
Rôles secondaires remarquablement tenus par Cécile Galois (Mistress Bentson), Anaïs Constans (Ellen), Emmanuelle Zoldan (Rose), toutes très british mais sans outrance, tandis que Loïc Félix (Hadji) et Marc Scoffoni (Frédéric) réussissent à s’imposer malgré la brièveté de leurs apparitions.
 
L’Orchestre de l’Opéra de Marseille et le Chœur (bien préparé par Emmanuel Trenque) bénéficient de la présence de l’Américano-irlandais Robert Tuohy, déjà remarqué en tant que Directeur musical de l’Opéra de Limoges. Il anime le spectacle sans temps mort avec beaucoup de finesse, soucieux de la recherche de ces timbres et de ces nuances propres à la musique française. L’élégance et la sûreté du geste se transmettent aux musiciens dans un équilibre savamment entretenu avec le plateau. Les ballets de l’acte II, chorégraphiés par Olia Lydaki, sont d’un exotisme assumé et d’une parfaite réalisation, rendant justice à l’art de Delibes en ce domaine. Triomphe public pour un spectacle haut en couleur et à la musicalité jamais prise en défaut.
 
Michel Le Naour

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Delibes : Lakmé - Marseille, Opéra, 9 mai 2017
 
Photos © Christian Dresse
 

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