About us / Contact

The Classical Music Network

Salzburg

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un lac aux eaux très tranquilles

Salzburg
Haus für Mozart
06/04/2017 -  
Gioachino Rossini : La donna del lago
Edgardo Rocha (Giacomo V (Uberto)), Nathan Berg (Douglas d'Angus), Norman Reinhardt (Rodrigo di Dhu), Cecilia Bartoli (Elena), Vivica Genaux (Malcom), Laura Verena Incko (Albina), Reinaldo Macias (Serano), Daniel Giulianini (Bertram)
Salzburger Bachchor, Alois Glassner (préparation), Les Musiciens du Prince – Monaco, Gianluca Capuano (direction musicale)


C. Bartoli (© Salzburger Festspiele/Marco Borrelli)


Cecilia Bartoli revient à ses premières amours. La célèbre chanteuse avait commencé sa carrière en tant que mezzo-soprano rossinienne (Le Barbier de Séville et La Cenerentola) avant de se tourner vers le répertoire baroque et le registre de soprano. Au zénith de sa carrière, elle a décidé de renouer avec le compositeur de Pesaro : au Festival de Pentecôte de Salzbourg, dont elle est la directrice artistique, elle vient de donner une représentation concertante de La donna del lago et a d’ores et déjà annoncé que l’année prochaine, elle chantera Isabella de L’Italienne à Alger dans la ville de Mozart.


La Dame du lac (1819) a déclenché en Italie un véritable engouement pour l’Ecosse, entraînant notamment la création de plus de 25 opéras dont le livret a pour cadre la région. L’unique représentation salzbourgeoise de l’ouvrage de Rossini a laissé des sentiments mitigés, en raison principalement d’une lecture musicale peu inspirée, confinant à la monotonie. A la tête des Musiciens du Prince, Gianluca Capuano s’est certes montré très attentif aux couleurs et aux détails, mais au détriment de la cohérence de l’œuvre, avec pour résultat de nombreux relâchements de tension. Ses «tempi» très étirés ne lui ont pas permis d’insuffler nervosité et flamme à la soirée, un comble pour une histoire d’amour contrarié sur fond d’Ecosse médiévale, avec ses châteaux, ses chevaliers et ses forêts sombres. Cette lecture plate, ajoutée à la chaleur qui régnait dans la salle, a fait s’assoupir plusieurs spectateurs. La soirée s’est donc déroulée sur un lac aux eaux très tranquilles.


Heureusement, la distribution vocale a offert davantage de motifs de satisfaction. Si le rôle d’Elena n’est peut-être pas celui qui lui convient le mieux aujourd’hui, en raison d’un manque d’ampleur dans la voix, qui limite quelque peu les grandes effusions lyriques, Cecilia Bartoli, après un premier air abordé très prudemment, s’est montrée égale à elle-même, avec sa technique irréprochable, ses vocalises époustouflantes et sa science des « pianissimi » éthérés. La directrice du Festival a payé de sa personne, puisque, en l’espace de quatre jours, elle a enchaîné deux prises de rôle (Elena et Ariodante) et trois représentations. Edgardo Rocha s’affirme comme le jeune ténor rossinien par excellence, avec son chant lumineux et ses aigus étincelants. L’autre ténor de la distribution, Norman Reinhardt, à la peine dans le rôle de Rodrigo aux écarts de tessiture meurtriers, a souffert de la comparaison. Malcom racé et sobre, Vivica Genaux a séduit par sa voix corsée et bien timbrée, qui se mariait idéalement à celle de Cecilia Bartoli. Père autoritaire et inflexible, Nathan Berg a cependant vite montré ses limites en raison de son timbre engorgé.


En ce 4 juin, Cecilia Bartoli fêtait son anniversaire. Un fan lui a lancé des vœux sonores en plein milieu de la représentation, la star devant lui faire signe de la main de se calmer. A l’issue du spectacle, ses collègues chanteurs, les choristes et les spectateurs ont entonné un « joyeux anniversaire » dans toutes les langues, avant qu’elle reçoive un bouquet de pivoines géantes.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com