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CRITIQUES DE CONCERTS 29 mars 2024

Nouvelle production de Carmen de Bizet dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction de Pablo Heras-Casado au festival d'Aix-en-Provence 2017.

Aix 2017 (1) :
Carmen clés en main

© Patrick Berger

De retour à Aix après des décennies d'absence, Carmen est prisonnière des choix et des paradoxes d'une scénographie ambitieuse autant que rigoureuse signée Dmitri Tcherniakov. Un plateau vocal remarquable complète cette production, au premier rang duquel la Carmen de Stéphanie d'Oustrac et le Don José de Michael Fabiano, sous la baguette du tonifiant Pablo Heras-Casado.
 

Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
Le 10/07/2017
David VERDIER
 



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  • Dmitri Tcherniakov a fini par cĂ©der aux propositions insistantes de mettre en scène le plus populaire des opĂ©ras : Carmen. Rien de surprenant dans cette absence de torĂ©adors en habit de lumière et Ĺ“illades de gitanes en robe flamenco. Le drame se dĂ©roule dans un lieu unique, un hall d'immeuble oĂą la laideur glacĂ©e du marbre sert d'Ă©crin Ă  la brĂ»lure des passions filmĂ©es par des camĂ©ras de sĂ©curitĂ©. ÉclairĂ©s verticalement par la lumière crue d'une sĂ©rie de suspensions, une sĂ©rie de canapĂ©s et fauteuils de cuir accueillent les personnages – ou plutĂ´t les participants, puisque Tcherniakov a choisi de mettre en scène la mise en scène de Carmen.

    La clé se trouve dans les premières minutes, lors d'une courte scène dialoguée au cours de laquelle le directeur d'un centre de santé explique très clairement le principe d'une thérapie révolutionnaire : faire jouer à un patient anonyme le rôle de Don José dans l'opéra Carmen pour le guérir de troubles comportementaux en dessous de la ceinture. Son épouse l'accompagne dans cette démarche, elle jouera Micaëla.

    Refusant la facilité narrative, ce travail opte pour le mode conduite accompagnée et concentre ses effets sur le tour de force qu'il impose à des chanteurs dont on exige un véritable numéro d'acteur. Les lignes directrices du livret et du parti-pris de la mise en scène tantôt se rapprochent, se croisent ou divergent, créant à chaque fois une sorte de variation de sens comme par exemple les intrusions gaffeuses de l'épouse-Micaëla, l'arrivée de Carmen ou les sourires inquiétants des soldats qui miment les interventions du chœur d'enfants placé en fosse.

    On peut s'agacer des interruptions du maître de cérémonie, véritable Monsieur Loyal de ce jeu de rôle pour adultes consentants dont l'issue s'avèrera aussi dérisoire que désastreuse. Don José poignarde Carmen avec un couteau qui se révèle être factice et sombre définitivement dans la folie. L'intérêt de cette distanciation s'émousse du fait même de son arbitraire et d'un parti-pris aux enjeux en réalité bien minces. Séduisante sur le papier, l'idée bute ici sur une limite qu'on ne trouvait pas dans le Trouvère ou Pelléas, pour ne citer dans le travail de Tcherniakov que les mises en scènes de qui utilisent explicitement le principe de la mise en abyme.

    Le plateau est dominé par la performance de Stéphanie d'Oustrac, donc le velours capiteux offre à Carmen une palette vocale de premier plan, doublé par un jeu d'actrice hors pair. Le Don José de Michael Fabiano lui oppose un timbre éclatant et des moyens vraiment impressionnants. La projection n'est jamais forcée ou artificielle, avec une aisance remarquable dans toutes les situations exigées par la scénographie. On pourra trouver à Elsa Dreisig un apprêt un peu trop lisse pour sa Micaëla ; la voix n'en demeure pas moins lumineuse et d'une intensité remarquable.

    Seule vraie déception de la soirée, l'Escamillo de Michael Todd Simpson surjoue le mâle viril pour faire oublier une ligne et une couleur qui se dérobent à plusieurs reprises. Gabrielle Philiponet et Virginie Verrez sont parfaites d'abattage et de présence en Frasquita et Mercédès, tandis que Guillaume Andrieux et Mathias Vidal assurent avec pétulance et éclat dans Dancaïre et Remendado. On notera la belle prestation de Pierre Doyen en Moralès et la puissance et la netteté de timbre du Zuniga de Christian Helmer.

    L'ensemble Aedes ne fait pas mentir son étymologie : les voix animent et commentent les épisodes de ce drame épique avec justesse et vérité. Au petit jeu des soldats et des cigarières, le chœur et la Maîtrise des Bouches-du-Rhône tirent un atout majeur. La direction vivifiante de Pablo Heras-Casado donne à cette Carmen une carrure et une modernité qui ne sont pas sans déplaire. L'originalité vient également du fait d'entendre une version de l'ouvrage avec des passages traditionnellement coupés, cerise de taille sur un gâteau musical déjà délicieux.




    Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
    Le 10/07/2017
    David VERDIER

    Nouvelle production de Carmen de Bizet dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction de Pablo Heras-Casado au festival d'Aix-en-Provence 2017.
    Georges Bizet (1838-1875)
    Carmen, opéra en quatre actes (1875)
    Poème de Henri Meilhac et Ludovic Halévy d’après Prosper Mérimée

    Maîtrise des Bouches-du-Rhône
    Chœur Aedes
    Orchestre de Paris
    direction : Pablo Heras-Casado
    mise en scène : Dmitri Tcherniakov
    costumes : Elena Zaitseva
    Ă©clairages : Gleb Filshtinsky
    préparation des chœurs : Mathieu Romano & Samuel Coquard

    Avec :
    Stéphanie d'Oustrac (Carmen), Michael Fabiano (Don José), Elsa Dreisig (Micaëla), Michael Todd Simpson (Escamillo), Gabrielle Philiponet (Frasquita), Virginie Verrez (Mercédès), Guillaume Andrieux (Le Dancaïre), Mathias Vidal (Le Remandado), Christian Helmer (Zuniga), Pierre Doyen (Moralès).

     


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