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CRITIQUES DE CONCERTS 29 mars 2024

Reprise de Pelleas et Mélisande dans la mise en scène de Bob Wilson sous la direction de Philippe Jordan à l’Opéra de Paris.

Symbolisme au-delĂ 

Magique, la mise en scène de Bob Wilson continue à épouser la musique de Debussy et le texte de Maeterlinck pour nous offrir un Pelleas et Mélisande de rêve. L’ambigüité du drame est ici éclairée d’une précision aussi subtile que mystérieuse. Vingt ans après sa création au Palais Garnier, cette production de l’opéra de Debussy n’a jamais été aussi unique.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 19/09/2017
Claude HELLEU
 



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  • Quelle Ă©trangetĂ© fascinante… Sur la scène de l’OpĂ©ra Bastille, ce PellĂ©as et MĂ©lisande garde son pouvoir, unique Ă  l’image de l’opĂ©ra de Debussy. La poĂ©sie de Robert Wilson fusionne celles de mĂŞme visionnaires d’un indicible exprimĂ© par les auteurs de cet opĂ©ra, Maeterlinck et Debussy. Aux glissements de la musique se marient les glissements d’un dĂ©cor aussi elliptique que le langage. La scĂ©nographie architecturĂ©e par la lumière cisèle la suggestion des sentiments en suspens.

    Le jeu hiĂ©ratique des chanteurs retrouve celui des acteurs voulu par l’écrivain belge, dont la pièce, Ă  sa crĂ©ation au Théâtre de l’œuvre en 1893, avait provoquĂ© une rĂ©sonnance immĂ©diate en Debussy. Chaque geste, chaque dĂ©placement s’accouple aux mots et leur insolite rĂ©ticence. Les mains qui se tendent et ne saisissent rien, les dialogues en suspens, l’étirement du temps et de l’espace rejoignent l’inexprimable Ă©voquĂ© dans une musique qui « eĂ»t l’air de sortir de l’ombre… et par instant y rentrât Â», souhaitait le compositeur.

    Refusant toute illustration réaliste à ce drame d’amours impossibles, Robert Wilson en stylise les émotions. Quelle beauté dans cette perfection d’attitudes et de déplacements qui subliment l’atmosphère et sans résoudre ses mystères en éclaire les profondeurs ! Et donne son poids à chaque personnage, conditionnant sa présence autant sinon plus que sa voix.

    Elena Tsallagova incarne cette Mélisande venue d’on ne sait où, apeurée et résolue, joueuse et inconsciente, le timbre en accord avec cette légèreté charmeuse. L'identification est parfaite, le naturel de son chant parlé, la clarté de ses non-réponses nuancent émois et désarroi en toute innocence. La crainte, l’amour, l’étonnement, la mort la gardent cette ingénue toute à ses états d’âme que Golaud s’acharne à connaître.

    Follement épris, Luca Pisaroni l’est, tour à tour intrigué, protecteur, éperdument jaloux et là, sans trahir la précision habitée de son chant, grandiose victime d’un harcèlement qui bouleverse les non-dits ; avec le petit Yniold, une Jodie Devos justement déterminée, avec sa femme mourante et malgré l’autorité d’Arkel, un Franz-Josef Selig qui en manque, la voix inégale et dépourvue de la sagesse rayonnante de son âge.

    Étienne Dupuis met un certain temps à devenir Pelléas. À peine chantant, presque parlant, l’intériorité du jeu donne la clef de ce rôle. Qu’il semble ne pas le vivre intensément banalise son humanité troublée. C’est dans la grotte et l’ultime tête-à-tête avec Mélisande qu’il crédibilise sa passion, magnifiquement soutenue par un orchestre dont les nuances n’ont pas toujours auparavant répondu à celles de la mise en scène.

    Si Philippe Jordan donne à entendre toutes les subtilités de la merveilleuse partition, sa direction tend à les unifier et parfois au-dessus de la tête des chanteurs. La qualité sonore ombre et voile un peu trop uniment les préludes qui parcourent l’œuvre, prolongent ou relient des situations souvent laissées sans conclusion. La magie n’en opère pas moins, qu’elles que soient les quelques réticences légitimées par l’exigence portée aux moindres détails visuels.

    Anna Larsson en Geneviève, Thomas Dear en Berger puis Médecin participent d’une distribution vocalement homogène et compréhensible. Phrases articulées, timbres et silences respectent la langue française, une réussite assez rare pour être soulignée. Vingt ans après sa création au Palais Garnier, le Pelléas et Mélisande de Debussy, Maeterlinck et Robert Wilson continue à défier le temps. Démiurge d’un spectacle demeuré envoûtant, ce dernier a confirmé, fécondé la rareté d’une œuvre sans suite ni précédent.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 19/09/2017
    Claude HELLEU

    Reprise de Pelleas et Mélisande dans la mise en scène de Bob Wilson sous la direction de Philippe Jordan à l’Opéra de Paris.
    Claude Debussy (1862-1918)
    Pelléas et Mélisande, drame lyrique et cinq actes et douze tableaux (1902)
    Poème de Maurice Maeterlinck

    Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : Philippe Jordan
    mise en scène & décors : Robert Wilson
    costumes : Frida Parmeggiani
    Ă©clairages : Heinrich Brunke & Robert Wilson
    préparation des chœurs : Alessandro Di Stefano

    Avec : Étienne Dupuis (Pelléas), Elena Tsallagova (Mélisande), Lusa Pisaroni (Golaud), Franz-Josef Selig (Arkel), Anna Larsson (Geneviève), Jodie Devos (Yniold), Thomas Dear (un Berger / un Médecin).
     


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