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La malédiction de Rigoletto

Le classique de Verdi lance la 34e saison de l’Opéra de Québec

Le baryton Gregory Dhal offre une superbe performance vocale et dans le jeu dans le personnage de Rigoletto. Un homme prisonnier de son rôle de bouffon et qui surprotège sa fille Gilda.
Le baryton Gregory Dhal offre une superbe performance vocale et dans le jeu dans le personnage de Rigoletto. Un homme prisonnier de son rôle de bouffon et qui surprotège sa fille Gilda. Photo Annie T.-Roussel


Des voix agréables, puissantes et spectaculaires, la belle musique de Verdi, l’Opéra de Québec lance sa 34e saison avec le grand classique Rigoletto, qui est au diapason de l’actualité des derniers jours.

L’œuvre de Verdi résonne étrangement très fort, 166 années après sa création, dans le contexte actuel entourant toute cette vague de dénonciations liées aux situations de harcèlement sexuel. Les hommes, et surtout le duc de Mantoue, ont les mains bien longues dans cet opéra inspiré par la pièce Le roi s’amuse de Victor Hugo.

Il ne s’agit pas, évidemment, du sujet principal de l’opéra Rigoletto, mais il est impossible de ne pas y penser durant quelques instants.

Présenté à nouveau, demain, jeudi et samedi, au Grand Théâtre de Québec, dans une mise en scène de François Racine, Rigoletto raconte l’histoire du bouffon Rigoletto, qui pour venger l’honneur de sa fille Gilda, provoquera sa perte.

Séduite par le duc de Mantoue, la jeune fille, pure, tenue recluse par un père ultra-protecteur et découvrant l’amour pour la première fois, se retrouve victime du coureur de jupons.

Dans le rôle de Rigoletto, Gregory Dahl navigue avec habileté dans la double personnalité de son personnage. Il est frondeur et impertinent dans la peau du bouffon bossu, qui amuse la cour du duc, et il est aimant et sensible, lorsqu’il est près de sa fille.

Le baryton a une partition vocale consistante et il livre la marchandise. Le chanteur originaire de Winnipeg, qui, après Macbeth et Gianni Schicchi, en est à sa troisième production avec l’Opéra de Québec et c’est un plaisir de le voir sur les planches. Et le public a chaleureusement manifesté son plaisir à la fin de la représentation de samedi.

De beaux duos

Steeve Michaud est spectaculaire dans le rôle du duc de Mantoue. Le ténor a une voix puissante et qui résonne, comme on a pu le constater à quelques occasions, et lors de la finale de La donna e mobile, où il pousse la note.

Dans le rôle de Gilda, la soprano Raphaëlle Paquette offre de beaux duos avec Gregory Dahl, dont le Ah, veglia, o donna, où le père supplie sa fille de ne pas quitter la maison et avec Steeve Michaud. Elle maîtrise les difficiles nuances de Caro Nome, livré a capella, une séquence qui aurait pu devenir cauchemardesque avec la présence d’une sonnerie d’un téléphone cellulaire quelque part dans la foule.

Elle chante parfois couchée, envahie par les émotions et se retrouve emballée, de la tête au pied, dans un sac, à la fin du troisième acte. La soprano québécoise livre de belles nuances vocales.

Le chœur masculin de l’Opéra de Québec propose de belles sections vocales à travers la pièce Gran Nuova ! et lors du Zitti, Zitti, moviamo a vendetta, où Gilda est enlevée.

Sous la direction du chef Derek Bate, l’Orchestre symphonique de Québec a livré, avec efficacité, les musiques de Verdi. Voix moins puissantes ou orchestre jouant trop fort, on a toutefois un peu perdu les voix de la mezzo-soprano Geneviève Lévesque (Maddalena) et de la basse Marcel Beaulieu (Sparafucile) dans le quatuor avec Gregory Dahl et Raphaëlle Paquette.

L’Opéra de Québec nous a habitués à des spectacles de grande qualité et Rigoletto ne fait pas exception à la règle. Un incontournable pour les amateurs d’opéra et une œuvre phare pour ceux qui veulent découvrir cette forme d’art.

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