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Courage et virtuosité

Marseille
Opéra
10/24/2017 -  & octobre 26, 2017
Gioacchino Rossini : Tancredi
Daniela Barcellona (Tancredi), Annick Massis (Amenaide), Victoria Yarovaya (Isaura), Ahlima Mhamdi (Roggiero), Shi Yijie (Argirio), Patrick Bolleire (Orbazzano)
Orchestre et chœur de l’Opéra de Marseille, Emmanuel Trenque (chef du chœur), Caroline Huynh Van Xuan (pianoforte), Giuliano Carella (direction musicale)


A. Massis (© Christian Dresse)


C’est devenu une habitude, l’Opéra de Marseille commence une nouvelle saison avec deux opéras du répertoire bel canto en version de concert. Après La Favorite il y a une dizaine de jours, c’était hier soir Tancrède dont la diabolique écriture vocale ravissait le public marseillais, tant l'œuvre était défendue avec brio.


Grande, altière, l’Italienne Daniella Barcellona en Tancrède embrasse un de ses rôles fétiches avec une autorité et une aisance naturelles, des aigus qui flambent, un médium suave, des graves généreux, sans rupture notoire entre les trois registres, et une étincelante facilité dans ces ornementations surhumaines écrites pour notre plus grand ravissement. En outre, chantant dans sa langue maternelle, on savoure son authentique italianità. Si l’on rajoute à cela un timbre éclatant, on ne peut que songer aux grandes interprètes de ce type de rôles dans les fastueuses années 1980, en se disant que la relève est tout de même très honorablement assurée par une Daniela Barcellona ou une Marie-Nicole Lemieux (lire ici). Mais dans Tancrède, comme dans tout ce répertoire, le festival de pyrotechnie n’est pas réservé au seul rôle-titre. Loin d’être un inconnu dans le microcosme lyrique, le jeune ténor Yijie Shi faisait hier soir ses débuts à Marseille où l’on ne doute pas un instant qu’il sera réinvité tant son accueil par le public fut enthousiaste. Voix puissante et claire, aigus cinglants, passages ornementés bien en place, le Chinois est tout à fait à l’aise dans cet emploi, Son «Oh Dio! Crudel…» du deuxième acte est une véritable leçon. Annick Massis en Aménaïde est annoncée souffrante. On se rend vite compte que cette excellente belcantiste n’est effectivement pas en pleine possession de ses moyens. Courageusement, elle affronte les nombreux pièges de sa partition mais la fatigue se fait vraiment sentir dans le redoutable «Giusto Dio…», puis lui donne un léger répit dans le magnifique duo du même acte avec Tancrède. L’ensemble reste néanmoins de très bonne tenue et le public lui fait une ovation méritée. Le rôle d’Orbazzano est ce qu’il est: peu gratifiant et sans air. Echappant au sadisme de Rossini, Patrick Bolleire, malgré une voix de basse noble, passerait presque inaperçu. La distribution est talentueusement complétée par le joli grain de voix de la mezzo-soprano Victoria Yarovaya en Isaura, ainsi que par le Roggiero de Ahlima Mahamdi.


Le chœur de l’Opéra de Marseille n’est pas en reste et sa contribution au succès de l’ensemble est déterminante. Sous l’impulsion soignée de Giuliano Carella, tous les pupitres font preuve de précision, avec une brillante exécution de l’ouverture et du prélude à l'air d'Aménaïde «Di mia vita infelice...». Ailleurs, l'orchestre se montre parfois un peu en retrait; mais il n’a pas un rôle majeur dans cet ouvrage, ceci expliquant sans doute cela.


Dans un théâtre où l’on adore les prouesses vocales et où on le fait bruyamment savoir, le public était comblé, hier soir. Il n’était donc pas étonnant qu’on fît à ce plateau une ovation jubilatoire.



Christian Dalzon

 

 

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