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Une autre princesse

Lille
Opéra
12/13/2017 -  et 15, 16* décembre 2017
Violeta Cruz: La Princesse légère (création)
Jeanne Crousaud (La Princesse), Majdouline Zerari (La Reine), Nicholas Merryweather (Le Roi), Jean-Jacques L’Anthoën (Le Prince), Kate Colebrook, Guy-Loup Boisneau (acteurs)
Court-circuit, Jean Deroyer*/Pierre Dumoussaud (direction)
Jos Houben, Emily Wilson (mise en scène), Oria Puppo (décors, costumes), Nicolas Simonin (lumières), IRCAM, Augustin Muller (réalisation en informatique musicale)


(© Pascal Bonnière)


Après Le Nain, l’Opéra de Lille termine l’année avec une autre production courte mais de qualité. La princesse de Violeta Cruz (née en 1986) partage peu de points communs avec celle de Zemlinsky. Fâchée d’avoir été oubliée à la cérémonie du baptême, sa tante lui jette un sort. La voici désormais légère, au sens propre comme au sens figuré. Ce n’est que dans l’eau que la jeune fille retrouve un peu de gravité. La maudite attire un prince qui ne pourra l’épouser que si elle revient sur terre pour briser le sort.


Le livret de Gilles Rico inspiré d’un conte de George MacDonald (1824-1905) semble au premier abord destiné aux enfants, mais ce spectacle se révèle sans doute trop sophistiqué et allusif pour ce public. Cet univers abstrait et singulier laisserait même indifférent les plus grands en l’absence d’une mise en scène aussi élaborée. Réglant le plateau avec minutie, Jos Houben et Emily Wilson accordent une grande importance à la gestuelle et au mouvement, au risque de trop en ajouter et de dissiper l’attention. La simplicité du dispositif, pour l’essentiel des panneaux pivotants et une balançoire, la finesse du jeu d’acteur, la fantaisie des costumes, la beauté des lumières participent à la poésie.


Cette œuvre collective relève dans une certaine mesure du spectacle musical, compte tenu de l’importance de la parole et de la vocalité ; le chant demeure proche du parler. La musique exerce, toutefois, une fonction essentielle. Furtive, éclatante, parfois sombre, elle dévoile une belle nature musicale, Violeta Cruz, formée dans son pays natal, la Colombie, puis au CNMSD de Paris et à l’Ircam. Voilà qui explique le dispositif électronique qui heureusement préserve la voix et le jeu instrumental. Foisonnante et élaborée, l’écriture exploite pleinement les possibilités d’un orchestre de chambre, le percutant et précis ensemble Court-circuit, dirigé par Jean Deroyer. L’intérêt de la partie musicale incite donc à retenir le nom de cette compositrice.


Musique, parole et action s’unissent grâce à la compétence de l’orchestre, des comédiens et des chanteurs, dont Jeanne Crousaud, qui interprète le rôle-titre après le Petit Prince de Levinas sur cette scène il y a trois ans. Preuve d’un travail collectif poussé, tous excellent à égalité, ce qui confère une grande valeur artistique à cette production. Les Parisiens jugeront l’année prochaine, lors de la reprise, en mars, à l’Opéra-Comique.



Sébastien Foucart

 

 

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