De drolatiques Mousquetaires au couvent à l'Opéra Confluence d'Avignon

Xl_mousquetaires © Cédric Delestrade

Les Mousquetaires au couvent de Louis Varney, créés à Paris en 1880, se rattachent à l’opérette classique française et conservent, malgré les années, un réel pouvoir de séduction. La production particulièrement réussie de Jérôme Deschamps présentée en 2015 à l’Opéra-Comique (que nous avions vue à la Noël de la même année à l’Opéra de Toulon) en porte témoignage. A l’Opéra Grand Avignon, sur la scène provisoire de l’Opéra Confluence que nous avons découvert il y a un mois à l’occasion d’une nouvelle production d’Orphée et Eurydice, Valérie Marestin a tenté de rajeunir l’ouvrage en le déportant vers des temps plus actuels, les Mousquetaires devenant des militaires de métier, plus précisément des chasseurs alpins venus mettre de l’ambiance dans un petit village montagnard. Le couvent des Ursulines se transforme en pensionnat pour jeunes filles de bonne famille, un rien dissipées cependant, et le complot ourdi contre le Gouverneur par de faux capucins s’oriente plus vers une tentative d’attentat. Bien entendu, le texte tant parlé que chanté a été modifié en conséquence. Pourquoi pas, mais on regrette tout de même la faconde et la fougue des braves Mousquetaires d’origine, même si l’on rit tout de même beaucoup tout au long de la soirée... Valérie Marestin, elle-même cantatrice de talent et désormais professeure de chant, connaît bien la scène et ses écueils. Elle impulse, au sein de décors bucoliques et colorés, une belle dynamique d’ensemble reposant notamment sur les épaules de chanteurs/acteurs parfaitement rodés

C’est le cas du vétéran Franck Leguérinel, Abbé Bridaine au cœur généreux et toujours affolé ou Maryse Castets, Supérieure du pensionnat fort exaltée et sensible au charme du sémillant Brissac. Le reste de la distribution fait appel à de jeunes chanteurs moins habitués à ce répertoire à la fois léger et très vocal, dont plusieurs sont issus du Chœur de l’Opéra Grand Avignon. Le québécois Antonio Figueroa – dont nous avions beaucoup aimé le Fortunio (Messager) à Limoges il y a quelques saisons - campe d’une belle voix de ténor un Gontran attachant tandis que Frédéric Cornille sacrifie en Brissac quelque peu le chant à l’interprétation scénique… mais quel comédien il est et quelle présence scénique il possède ! Si la Marie de Pauline Rouillard manque encore d’aplomb malgré une jolie voix de soprano qui gagne à s’affirmer, sa sœur Louise incarnée par Amaya Dominguez - superbe Dulcinée (L'Homme de la Mancha) in loco en 2015 - ne manque ni de ruse ni d’assurance, et son air fameux « Curieuse… Ah vraiment cette injure est cruelle » constitue l'un des plus beaux moments de la soirée. De son côté, Claire de Monteil fait valoir des moyens imposants en accorte Simone, la serveuse de l’auberge. A noter, enfin, la voix solide du baryton basque Gilen Goicoechea dans le rôle de Rigobert.

En fosse, le fringant chef français Dominique Trottein est à son affaire avec un tel ouvrage. Sa direction de l’Orchestre Régional Avignon Provence et du Chœur de l’Opéra Grand Avignon donne toute satisfaction, même si elle doit parfois combattre quelques menus décalages... mais rien qui ne puisse brider un enthousiasme que le public a bruyamment manifesté au moment des saluts !

Emmanuel Andrieu

Les Mousquetaires au couvent de Louis Varney à l’Opéra Confluence d’Avignon (décembre 2017)

Crédit photographique © Cédric Delestrade
 

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