About us / Contact

The Classical Music Network

Gent

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un Falstaff trop sobre

Gent
Opera Vlaanderen
01/10/2018 -  et 12, 14*, 16, 18, 20 janvier 2018
Giuseppe Verdi: Falstaff
Craig Colclough (Falstaff), Johannes Martin Kränzle (Ford), Julien Behr (Fenton), Michael Colvin (Dr. Cajus), Denzil Delaere (Bardolfo), Markus Suihkonen (Pistola), Jacquelyn Wagner (Alice Ford), Anat Edri (Nannetta), Iris Vermillon (Mrs. Quickly), Kai Rüütel (Meg Page)
Koor Opera Vlaanderen, Jan Schweiger (chef de chœurs), Symfonisch Orkest Opera Vlaanderen, Tomás Netopil (direction)
Christoph Waltz (mise en scène), Dave Warren (décor), Judith Holste (costumes), Felice Ross (lumières)


(© Annemie Augustijns)


En 2013, Christoph Waltz fit preuve de prudence pour sa première mise en scène d’opéra. Contrairement au Chevalier à la rose, son Falstaff (1893) laisse une impression mitigée. Fidèle à l’esprit et à la lettre, ce spectacle se révèle tellement terne et précautionneux que sa présence paraît incongrue à l’Opéra des Flandres, d’habitude porté sur l’audace et la provocation. L’acteur se contente d’animer gentiment le plateau, sans approfondir la psychologie, à peine esquissée. Waltz semble même abdiquer ses responsabilités dans la dernière scène, conclue dans une consternante immobilité, comme dans une version de concert. C’est pourtant à cet instant que la scénographie devient intéressante, et encore, l’orchestre jouant, sur scène, dans une structure métallique censée représenter une forêt – la pause se situe donc étrangement au milieu du troisième acte. Les chanteurs, qui se déplacent dans la fosse vidée de ses occupants, se montrent dans le dernier tableau dans une sorte de combinaison de protection blanche, ce qui ôte toute féerie. Auparavant, il n’y a rien d’autre à observer qu’un insipide rideau monochrome, une table avec des restes de victuailles, un banc, une estrade. Toutefois, l’essentiel s’y retrouve : Falstaff tente de se cacher, tant bien que mal, dans une malle en osier, le seul moment quelque peu amusant. Ce dispositif d’une grande pauvreté suggère que l’Opéra des Flandres se soumet à de sérieuses restrictions budgétaires. On en arrive à préférer les décors ostentatoires et ringards de l’Opéra royal de Wallonie.


Le volet musical compense partiellement les insuffisances de la mise en scène. Craig Colclough, choisi pour le rôle-titre, manifeste un don évident pour la comédie. Le baryton-basse américain incarne un Falstaff crédible, bonhomme, pas assez hâbleur et truculent, sans doute, mais attendrissant dans sa maladresse avec la gent féminine. Vocalement, il livre une prestation soignée, mais il faut se contenter d’un style ordinaire et d’une voix au volume limité. Johannes Martin Kränzle dévoile en Ford un timbre plus accrocheur et un métier mieux accompli, en particulier sur le plan du phrasé, davantage travaillé, tandis que Michael Colvin, et dans une moindre mesure, Denzil Delaere et Markus Suihkonen remplissent correctement leur fonction en Cajus, Bardolfo et Pistola.


Les dames forment un assez bel ensemble. Jacquelyn Wagner, qui incarne une Alice pleine de charme, assure humblement sa partie, le medium ayant juste tendance à s’étioler. Iris Vermillon campe une Mrs. Quickly tout juste idiomatique et vocalement dans une moyenne honnête, la profondeur du registre grave laissant un peu à désirer. Kai Rüütel chante Meg Page avec correction, mais sa performance vaut surtout pour sa belle présence scénique. Anat Edri possède la fraîcheur et le format vocal requis pour le rôle de Nannetta, incarné avec assurance et finesse. Bien apparié avec sa partenaire, Julien Behr affiche en Fenton les mêmes qualités de style et de timbre.


L’orchestre sonne avec légèreté et précision, en phase avec le plateau, mais il manque trop souvent d’humour. Tomás Netopil retient trop les tempi, et la dynamique manque de souplesse et de contrastes, ce qui empêche de conférer en permanence de la vie théâtrale à l’ultime opéra de Verdi. Cette comédie dans lequel il ne doit pas être possible de s’ennuyer mérite un meilleur sort. Le public ne s’y trompe pas : enclin à ovationner debout, il applaudit, cette fois, en restant assis.



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com