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Deux prises de rôle réussies

Monaco
Monte-Carlo (Opéra)
01/22/2018 -  et 25, 28*, 31 janvier 2018
Jacques Offenbach : Les Contes d’Hoffmann
Juan Diego Flórez (Hoffmann), Olga Peretyatko (Olympia, Antonia, Giulietta, Stella), Nicolas Courjal (Lindorf, Coppélius, Le docteur Miracle, Le capitaine Dapertutto), Sophie Marilley (Nicklausse), Rodolphe Briand (Andrès, Cochenille, Frantz, Pittichinaccio), Marc Larcher (Nathanaël), Yuri Kissin (Hermann, Schlémil), Antoine Garcin (Luther), Reinaldo Macias (Spalanzani), Paata Burchuladze (Crespel), Christine Solhosse (La mère d’Antonia), Vanessa d’Ayral de Sérignac (La Muse)
Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo, Stefano Visconti (préparation), Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Jacques Lacombe (direction musicale)
Jean-Louis Grinda (mise en scène), Vanessa d’Ayral de Sérignac (assistante à la mise en scène), Julien Lamour (stagiaire assistant à la mise en scène), Laurent Castaingt (décors et lumières), David Belugou (costumes)


(© Alain Hanel)


L’Opéra de Monte-Carlo vient de se payer le luxe d’une distribution de stars, avec Juan Diego Florez et Olga Peretyatko. Non pas dans un ouvrage de Rossini, comme les deux chanteurs en ont l’habitude au Festival de Pesaro, où ils partagent souvent l’affiche. Mais, plus inattendu, dans Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach. Une prise de rôle pour tous les deux. Et une incontestable réussite dans les deux cas, n’en déplaise aux nombreux sceptiques qui ne donnaient pas cher de ce double début. Juan Diego Florez est un Hoffmann torturé, ardent et passionné ; son incarnation est subtile et pleine d’émotions, avec une ligne de chant comme toujours élégante et raffinée. De surcroît, sa diction française est excellente, rendant les surtitres superflus. Certes, on pourrait rêver d’un poète plus viril et puissant, mais dans la petite salle à l’acoustique parfaite du Rocher, le ténor péruvien est à son aise, même dans les passages tragiques. Si, comme on pouvait s’y attendre, il excelle dans les aigus, avec des notes rayonnantes, son médium s’est considérablement étoffé. Après s’être essentiellement consacré au belcanto, le chanteur entend désormais élargir son répertoire, et son Hoffmann devrait figurer en bonne place dans sa galerie de portraits.


Spécialiste, elle aussi, de Rossini, Olga Peretyatko prête ses traits et sa voix aux quatre héroïnes. Olympia est son incarnation la plus aboutie, ce qui n’est pas une surprise, les vocalises ne lui posant aucun problème. Scéniquement, son automate espiègle et coquin, voire un brin nymphomane, est une merveille, avec de grands gestes saccadés qui font rire le public. Son Antonia douce et émouvante ne lui cède en rien et lui permet de mettre en valeur son timbre délicat et lumineux. Giulietta semble un cran en-dessous, la courtisane manipulatrice n’apparaissant peut-être pas assez sensuelle et perverse. Globalement cependant, la réussite est manifeste. Reste pour la soprano russe à améliorer sa prononciation française.


A l’applaudimètre final, les deux stars sont égalées par le superbe Nicolas Courjal, qui offre un portrait haut en couleur des quatre « méchants », avec un chant nuancé et extrêmement varié ainsi qu’un timbre magnifiquement projeté. On attend désormais avec impatience que le chanteur français s’empare des grands rôles de basse du répertoire. Les seconds rôles livrent des prestations contrastées : si on reste quelque peu circonspect face au Niklausse de Sophie Marilley, dont la voix paraît bien mince, malgré une jolie incarnation, et qu’on est franchement perplexe face au Crespel de Paata Burchuladze, à la voix passablement usée, on ne peut qu’admirer Rodolphe Briand, truculent dans les quatre rôles de valet, Reinaldo Macias, impeccable Spalanzani, ainsi que Christine Solhosse, mère d’Antonia à la belle voix grave et corsée.


Dans la fosse, Jacques Lacombe livre malheureusement une lecture souvent empesée et peu nuancée du chef-d’œuvre d’Offenbach, sans le rythme et la verve traditionnellement associés au compositeur. La production est une reprise d’un spectacle créé en 2010 : s’il ne propose fondamentalement rien de nouveau, Jean-Louis Grinda n’en signe pas moins une mise en scène parfaitement lisible et très bien rodée, dans des décors sobres et des costumes somptueux, avec aussi de beaux jeux de miroirs et la mise en abîme de la salle Garnier. La direction d’acteurs plutôt sommaire est compensée par de magnifiques tableaux d’ensemble.



Claudio Poloni

 

 

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