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Faust, une rédemption lumineuse au Victoria Hall

La soprano Genia Kühmeier (Gretchen/Une pénitente), aux côtés du baryton Markus Werba (Faust) et du chef d'orchestre Ira Levin.

C'est un mois et quelques poussières – celui de février, avec des bribes de mars – que le Grand Théâtre a placés sous le signe d'une figure majeure de la culture occidentale: Faust. Un personnage ancré dans les récits populaires du XVIe siècle allemand et auquel Goethe a conféré un souffle littéraire profond, à travers une tragédie longuement labourée (entre 1771 et 1831) et servie en deux volets. De cette somme en vers on trouve partout des traces profondes, et dans l'histoire de la musique tout particulièrement. La maison lyrique genevoise a décidé d'en éclairer deux parmi les plus abouties. Ainsi, après le Faust de Gounod, voici arrivée l'heure des Scènes du Faust de Goethe de Robert Schumann. Une pièce peu jouée, articulée en sept tableaux et qui, contrairement à la version du Français, présente un livret campé essentiellement dans le second livre de l'écrivain et poète. Dirigé par le chef américain Ira Levin, qui a remplacé au pied levé le souffrant Peter Schneider, cet oratorio profane est servi par un plateau vocal homogène, de très belle allure et qui rend pleinement justice à l'œuvre.

C'est ce qu'on retient en premier lieu de cette production. Et on place en haut de la distribution le baryton Markus Werba, qui est un Faust avec plein d'assurance, dont la voix affiche des lignes claires et souples, au timbre nuancé et à la diction parfaite. Son rôle, si exigeant, physiquement si harassant, est porté avec un aplomb admirable. On citera aussi Albert Dohmen, qui campe un Méphistophélès/L'esprit malin d'une noblesse autoritaire et naturelle; et aussi Sami Luttinen (Pater profundus/Ange accompli), basse dotée d'une palette expressive étonnamment faste. Quant à Bernard Richter (Ariel/Pater Ecstaticus/Ange accompli), il décoiffe par la puissance de son organe mais, comme à d'autres circonstances, son expression est raide et manque cruellement de subtilité dans les pianos. Sur le front des voix féminines, on aura été conquis par les phrasés délicats et pleins d'aisance dans l'aigu de Genia Kühmeier (Gretchen/Une pénitente), tout comme par la belle prestation des sopranos Bernarda Bobro et Katija Dragojevich.

Impeccable – à la fois puissant et nuancé — le Chœur du Grand Théâtre, préparé par Alan Woodbridge, s'est lui aussi illustré, aux côtés de la Maîtrise du Conservatoire populaire. À la baguette, Ira Levin a mené l'Orchestre de la Suisse romande. Sous sa direction, le trait musical a paru par endroits épais, dans l'«Ouverture» notamment, sans distinction dans les lignes instrumentales. Des réserves qui n'entachent en rien la très bonne tenue de cette production.

«Szenen aus Goethes Faust» de R. Schumann, Orchestre de la Suisse romande, Chœur du Grand Théâtre, Maîtrise du Conservatoire populaire de musique, danse et théâtre, Ira Levin (dir.), ma 27 fév., je 1er et sa 3 mars. Renseignements: www.geneveopera.ch