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Ur-Faust

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/14/2018 -  
Charles Gounod : Faust (version de 1859)
Benjamin Bernheim (Faust), Véronique Gens (Marguerite), Juliette Mars (Siebel), Ingrid Perruche (Dame Marthe), Andrew Foster-Williams (Méphistophélès), Jean-Sébastien Bou (Valentin), Anas Séguin (Wagner, Un mendiant)
Vlaams Radio Koor, Les Talens Lyriques, Christophe Rousset (direction)


B. Bernheim (© Julien Benhamou)


L’événement musicologique était de taille et avait attiré au Théâtre des Champs-Elysées une foule nombreuse et impatiente de découvrir en version de concert la mouture originale de 1859 du Faust de Gounod, restaurée grâce aux soins de la Fondation Palazzetto Bru Zane.


Créé en 1859 au Théâtre Lyrique de Paris dirigé alors par Léon Carvalho, le Faust de Gounod se présentait sous forme d’un opéra comique avec dialogues parlés. Il connaît quelques avatars avant de devenir le grand opéra que l’on joue depuis son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris dix ans plus tard. On pourrait détailler à l’envi toutes les différences petites ou majeures, dans la structure du livret, dans la partition, dans l’importance donnée aux personnages secondaires et surtout dans l’existence de dialogues parlés. Ce qui éclate à l’écoute de cette version historique est que tout ce qui est formidable dans la partition finale existait dès le début, les chœurs, les airs, les ensembles. Autre constatation, les personnages un peu elliptiques dans la version définitive (Wagner, Valentin, Siebel, Dame Marthe) prennent ici un relief qui permet de comprendre mieux qui ils sont, d’où ils viennent et leur position par rapport à Faust. Certains airs qui ont été supprimés ou remplacés dans la version finale pimentaient cette découverte même si on les connaissait par les appendices du dernier enregistrement de Michel Plasson (EMI).


Passionnante entreprise donc avec une petite réserve qui est qu’aujourd’hui les dialogues parlés passent bien mal, les chanteurs étant souvent de piètres comédiens même s’ils ont été «préparés» (mais dans quelles conditions?), nous ramenant aux pires souvenirs des soirées radio-lyriques des années soixante et entraînant quelques fous rires dans la salle. Le prix à payer certainement...


Musicalement, la réalisation était de haut niveau même si le choix d’un orchestre baroque au diapason extraordinairement bas a pu surprendre. Christophe Rousset a dirigé avec beaucoup de sûreté et de souci des détails une musique qui n’est pas son répertoire de prédilection, avec un peu trop de vivacité dans les scènes d’ensemble comme la Kermesse ou la Valse du deuxième acte et globalement une tendance à jouer trop fort, inutile et gênante pour les chanteurs (et le public).


Le Faust de Benjamin Bernheim, forte voix au timbre clair idéal et au style parfait, dominait la distribution. On peut s’étonner du choix de Veronique Gens pour incarner un personnage aussi sensuel, amoureux, passionné, désespéré que Marguerite. Sa diction est certes parfaite mais elle n’investit aucune chaleur dans ce rôle dont les moyens la dépassent souvent. Autre déception, le Méphistophélès du baryton Andrew Foster-Williams, dont l’accent anglais parasitait beaucoup le texte et qui n’est pas la basse que l’on attend dans ce rôle. Excellents rôles secondaires avec le Valentin de Sébastien Bou avec un air inédit, Anas Séguin en remplaçant dans le rôle de Wagner, la truculente Dame Marthe d’Ingrid Perruche, et le Siebel un peu pâlot de Juliette Mars.


Cette entreprise inédite sera bientôt prolongée par un enregistrement qui en assurera une diffusion plus large et une trace définitive.



Olivier Brunel

 

 

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