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Tension à Séville

Verona
Arena
08/09/2018 -  Du 22 juin au 31 août 2018
Georges Bizet : Carmen
Anna Goryachova (Carmen), Serena Gamberoni (Micaela), Ruth Iniesta (Frasquita), Arina Alexeeva (Mercédès), Francesco Meli (Don José), Massimo Cavalletti (Escamillo), Davide Fersini (Le Dancaïre), Roberto Covatta (Remendado), Luca Dall’Amico (Zuniga), Biagio Pizzuti (Moralès) Ballo dell’Arena di Verona
Coro di voci bianche A.LI.VE., Paolo Facincani (chef de chœur), Coro dell’Arena di Verona, Vito Lombardi (chef de chœur) Orchestra dell’Arena di Verona, Francesco Ivan Ciampa (direction)
Hugo de Ana (mise en scène et costumes), Leda Lojodice (chorégraphie), Paolo Mazzon (lumière), Sergio Metalli (projection)


A. Goryachova, B. Jagde (© Foto Ennevi/Fondazione Arena di Verona)


Le Festival des arènes de Vérone est le plus important d’Europe par le nombre de spectateurs : 370.000 en 2016, devant Salzbourg (260.000), Glyndebourne (90.000), Savonlinna (71.000), Bayreuth (58.000), Aix-en-Provence (40.000), Orange (37.000), Pesaro (16.000). Cela s’explique par la jauge importante des arènes (14.000 places !), le nombre élevé de représentations (contrairement à Orange), et une politique tarifaire très accessible puisqu’à côté des "bonnes" places vendues de l’ordre de 60 à 200 euros, des milliers de sièges non numérotés sont proposés à 26 euros. De quoi rendre l’opéra accessible à tous, ce qui est une excellente chose. Au niveau du budget, il arrive deuxième en Europe avec 44 millions d’euros, derrière Salzbourg (62 millions d’euros), et il présente un taux d’autofinancement de 60% (plus d’infos sur revopera).


Nous l'avons dit dans notre article d'hier, l'acoustique y est excellente, il ne faut pas être effrayé par l'imposante taille des arènes et, cette soirée le confirme, les distributions sont de haut niveau, les amateurs d'opéra ne doivent donc pas se priver d'inscrire les Arènes de Vérone sur leur circuit estival. Accessoirement, la présence de surtitres, en italien et en anglais, apporte le confort des salles d'opéra.


Cette Carmen est la nouvelle production de la saison, et elle est réalisée par un metteur en scène habitué des lieux, Hugo de Ana, dont nous avons pu apprécier l'original et excellent Barbier de Séville hier. Nous sommes toujours à Séville, mais en 1930, peu de temps avant la guerre civile espagnole (1936-1939), ce qui permet d'infuser une tension sourde, qui éclate par moment, en cohérence avec le livret. La transposition fonctionne intelligemment, mieux en tout cas que la récente production de l'Opéra de Paris de Calixto Beieto, déplacée à notre époque, plus crue et qui perd sa dimension épique pour virer au fait divers. Hugo de Ana sait particulièrement bien gérer les foules : le chœur, les danseurs, les figurants ont toujours quelque chose à raconter de l'action. Il sait aussi s'adapter au gigantisme des lieux avec d'imposants décors ou des projections vidéo.


La distribution se situe au plus haut niveau avec une remarquable Carmen, la russe Anna Goryachova possède en effet le timbre parfait pour le rôle (riche, charnu et sombre), une puissance de projection, une vraie présence scénique, tout juste devrait-elle améliorer sa diction. L'italien Francesco Meli camp un Don José très crédible, son timbre et ses amples moyens vocaux collent parfaitement au rôle. L'Escamillo de Massimo Cavalletti réussit son air du toréador et Serena Gamberoni incarne une touchante Micaela, même si la prononciation est à améliorer (souffrante, elle sera remplacée après le premier acte par Ruth Iniesta, qui jouait Frasquita). Seule déception de la soirée, le chef Francesco Ivan Ciampa qui ne parvient pas à obtenir des cordes incisives et claires et la fosse est bien mollassonne.


Il faut signaler le courage et l'abnégation de l'ensemble des équipes, musiciens et techniciens, puisque la pluie s'est invitée juste avant le début de la représentation, à 21 heures, mais que sur la foi des services météorologiques on a fait attendre tout le monde pour finalement commencer à 23 heures, et terminer à 2h20... Cela valait mieux qu'une annulation, mais l'endurance de tous a été mise à rude épreuve.



Philippe Herlin

 

 

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