«Rigoletto» en ouverture de la 39e saison de l’Opéra de Montréal – Bible urbaine

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«Rigoletto» en ouverture de la 39e saison de l’Opéra de Montréal

«Rigoletto» en ouverture de la 39e saison de l’Opéra de Montréal

Fabuleux!

Publié le 17 septembre 2018 par Luce Langis

Crédit photo : Yves Renaud

Ce 15 septembre dernier, la 39e saison de l'Opéra de Montréal s'est ouverte avec un magnifique Rigoletto dont l'équipe, au sommet de son art et de son talent, a pu nous faire vivre toutes les émotions instillées par les mots du librettiste Francesco Maria Piave – d'après la pièce de Victor Hugo – et la divine musique de Verdi.

Avant toute chose, un peu d’histoire

Cette histoire tragique et puissante découle de la pièce Le roi s’amuse du grand Victor Hugo. Ce dernier l’avait créée en 1832 afin de se moquer de la vie dissolue de la cour du roi de France avec, au centre, le libertinage de François 1er. Pour échapper à la censure régnante, le livret a transféré l’action, par compromis, à la cour de Mantoue, remplacé le roi de France par le duc, et le nom de Triboulet par celui de Rigoletto.

Mis en musique par le très grand compositeur italien Guiseppe Verdi, l’opéra Rigoletto a été présenté pour la première fois en 1851 à Venise. Construit en trois actes, il constitue un fabuleux drame de passion, de trahison, d’amour filial et de vengeance. Partie prenante d’une trilogie, avec Le Trouvère et La Traviata, il offre une combinaison mélodique et dramatique parfaite. Il met aussi en évidence les travers de l’époque du XIXe siècle, à savoir le rôle subalterne des femmes et les tensions sociales importantes qui y régnaient.

L’argument: les prémisses

L’histoire se passe à Mantoue, au XVIe siècle. Rigoletto (le baryton James Westman), un bouffon bossu qui se plaît à se moquer de la malchance des autres, est par ailleurs un père extrêmement attaché à sa fille, Gilda (Myriam Leblanc). Le comte Ceprano (Brenden Friesen) est la première victime de ses railleries. Ce dernier vient de se rendre compte que sa femme, la comtesse Ceprano (Élizabeth Polese) vient d’être amenée dans un boisé, au cours d’un bal, par le duc de Mantoue (le ténor René Barbera), libertin avéré.

Le comte Ceprano, excédé par les railleries de Rigoletto, invite les autres courtisans à concocter une vengeance à son endroit. Arrive ensuite le comte Monterone (le baryton-basse Scott Brooks), qui lui se plaint de ce que ce foutu duc de Mantoue ait déshonoré sa fille. Rigoletto se moque à nouveau de ce comte. Ce dernier se venge en appelant la malédiction sur Rigoletto.

Voilà donc les personnages et la situation dramatique mis en place; ne reste qu’à suivre l’histoire racontée par l’opéra, pour connaître la suite…

Les chanteurs

C’est la première fois qu’une Montréalaise, Myriam Leblanc, assure le rôle très difficile de Gilda, la fille de Rigoletto. Cette jeune soprano à la voix d’or et de cristal réussit à rendre de façon magistrale toutes les intonations et la gamme très étendue que requiert ce premier rôle féminin. Jeune artiste issue de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, elle ne cesse d’accumuler les grands rôles dans divers opéras, récoltant chaque fois honneurs, critiques dithyrambiques et récompenses.

On a ainsi pu apprécier son talent dans Roméo et Juliette, où elle tenait le rôle-titre, dans Aïda (Verdi), où elle interprétait la Grande Prêtresse, dans Carmen (Bizet), où elle tenait le rôle de Micaëla, pour ne nommer que ceux-là… Elle a encore une fois relevé avec brio le défi énorme que posait le rôle de Gilda. L’entendre fut un enchantement.

Rigoletto, ce bouffon qui récoltera la Malédiction, est magnifiquement interprété par le baryton canadien James Westman. Ce chanteur s’est surtout distingué par sa passion et par la musicalité de sa voix. Il chante également dans les plus grands opéras du monde.

Et tout ce qui constitue l’opéra

Je suis toujours fascinée par la quantité – et la qualité – des artistes qui travaillent sur un opéra. À part l’opéra lui-même, qui compte ici treize chanteurs ayant un rôle défini et dix chanteurs qui constituent les courtisans, il faut aussi féliciter l’équipe technique, ainsi que tous les musiciens de l’orchestre de l’Opéra de Montréal, qui jouent, chaque soir, en direct.

Les décors, signés Robert Dahlstrom, sont magnifiques. Ils représentent très bien Venise. Le premier tableau, représentant le palais ducal, me rappelait exactement le palais ducal de la Place St-Marc que j’ai visité cet été. Dans l’acte II, on reconnaissait très bien les fresques qui sont peintes sur tous les murs de ce palais. De même, la maison de Rigoletto et l’auberge de Sparafucile (le baryton-basse Vartan Gabrielian) étaient tout à fait conformes aux maisons italiennes du XIXe siècle, demeurées intactes jusqu’à aujourd’hui. Elles expriment le romantisme même.

Et que dire des costumes! Magnifiques, aux couleurs chatoyantes et représentatives de l’époque.

Dans la fosse, l’orchestre s’est surpassé. Accordant parfaitement la musique à l’action dramatique, les musiciens se sont fait remarquer par la vivacité, la fraîcheur et l’intensité de leur interprétation. Chapeau à ces derniers, à leur chef d’orchestre Carlo Montanaro et au metteur en scène Michael Cavanagh. Votre jeu était impressionnant.

L’opéra Rigoletto de l’Opéra de Montréal se produira encore pour trois représentations cette saison, soit les 18, 20 et 22 septembre 2018. Ne manquez pas votre chance!

L'opéra «Rigoletto» en 8 photos

Par Yves Renaud

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