La nouvelle lecture de Robert Carsen s’appuie sur le livret recomposé de Ian Burton. Ensemble, les complices rebondissent sur notre actualité. Rails de coke, poppers, selfies, Brexit et allusions aux politiciens d’aujourd’hui rénovent la pièce dans une étourdissante électricité physique et sonore.
Chorégraphies acrobatiques
Tout commence et finit dans un assourdissement de sirènes, avant que déboule sur scène une troupe de petites frappes survoltées. Entre ces deux alarmes stridentes, près de deux heures de texte surchauffé, bavard et criard, entrecoupé de passages musicaux souvent étouffés par tant de décibels.
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A jardin sur la scène, William Christie, lunettes noires, queue de cheval blanche et tenue de rappeur à capuche, donne l’élan depuis son clavecin à une dizaine de musiciens des Arts Flo, tout aussi déguisés. Devant eux, la troupe de jeunes vauriens et prostituées dynamite le plateau. Les chorégraphies acrobatiques de Rebecca Howell relèguent celles West Side Story au rang d’antiquité. Car on est bien dans l’univers de la comédie musicale: les voix des seize chanteurs ne sont pas faites pour la pratique lyrique, mais leur abattage scénique en impose.
A partir de ce postulat, on se régale de la férocité et de l’énergie qui bousculent les cartons entassés du formidable décor de James Brandily. Mais on regrette d’entendre souvent difficilement l’autre truculence qui anime le plateau: celle de la partition conçue par William Christie. L’humour, l’expressivité et l’illustration sonore de l’accompagnement baroque figurent presque comme alibi musical et historique à la pièce parlée, parfois trop longue et bruyante pour les délicatesses baroques.
Opéra des Nations, les 4, 5, 6 et 7 octobre. Rens.: 022 322 50 50, www.geneveopera.ch